- fruits et légumes du monde entier ou 
fruits et légumes de proximité ?

Après la deuxième guerre mondiale, les politiques favorisèrent dans la plus grande partie de l’Europe un type d’agronomie, d’élevage et d’arboriculture qui privilégiait la monoculture. On en passa par le remembrement et des étendues immenses furent dédiées à un nombre très limité de sortes de céréales, idem pour les légumes et les fruits. Il fallait nourrir la population, il y avait urgence.

Nous mesurons maintenant les conséquences négatives sur les écosystèmes de ces choix. Paysages bouleversés, épandages systématiques de pesticides, fragilisation des espèces sélectionnées… la liste est longue.

Heureusement, nous commençons à y prêter attention. Après avoir indemnisé les agriculteurs lors du « remembrement » qui leur fut imposé, l’état et l’Europe les subventionnent pour qu’ils replantent des haies, recréent des bocages. On les encouragerait presque à diversifier leurs cultures…

L’agriculture dite biologique gagne du terrain et des parts de marché. Les grandes entreprises agroalimentaires, promptes à récupérer les idées et qui flairent très vite les bonnes affaires… se sont lancés dans le Bio. Le client s’y perd un peu mais il ne faut pas être plus royaliste que le roi… et bouder ce phénomène de société.

Certains sont allés plus loin encore, inventant le concept du « commerce équitable », café, chocolat… A priori une excellente idée, qui, en y regardant d’un peu plus près, comporte des zones obscures. D’autres sont allés trop loin sans doute, franchissant une ligne blanche, celle du bioéthanol… autre sujet, autre débat.

Plus simplement, des industriels de la vente alimentaire proposent de plus en plus de diversité sur leurs étals. Pommes, poires, pommes de terre, tomates, courgettes, aubergines… se déclinent en plusieurs variétés. Chacune a des propriétés distinctes. Si la Ratte primeur a un goût de noisette et se déguste poêlée, la Juliette a une très bonne tenue à la cuisson, sa chair est tendre et fondante, moins farineuse que la Ratte et plus ferme que la Charlotte.

Il convient, pour en tirer le meilleur parti, de connaître les différences entre le poire Abatte, Guyot, la Passe Crassane, l’Angélys ou la Louise-Bonne… Idem pour les pommes dont quelques-unes seront idéales pour confectionner les tartes ou la compote, alors que d’autres se doivent d’être mangées crues…

La préservation de la biodiversité - les scientifiques et les environnementalistes sont d’accord - est un objectif à ne pas perdre de vue. C’est même une nécessité car elle permet, entre autres atouts, de préserver des espèces qui nous permettront dans l’avenir de mettre au point de nouveaux médicaments. Plus évident encore, la culture de différentes espèces diminue les risques phytosanitaires qui découlent de la monoculture et réduit l’usage des pesticides.

Ces avantages touchent leurs limites lorsqu’il s’agit de fruits et de légumes exotiques. Il y a, c’est évident, un plaisir à voyager par le goût et les saveurs nouvelles. Cuisiner le manioc, l’igname, le fruit de l'arbre à pain, la patate douce, l’eddos, n’est pas sans intérêt. Essayer le corossol, le jacato, la mangue, la papaye, la goyave, la carambole, le pitaya ou l’anone, est une délicieuse expérience.

Le prix écologique doit malgré tout nous faire réfléchir et nous inciter à la prudence. Car tous ces produits frais viennent de loin et coûtent fort cher en énergie non… renouvelable.

Les amateurs d’exotisme choisiront de préférence des produits qui poussent à proximité : le jujube, les figues de barbarie, les kumquats, l’avocat, le kaki ou le kiwi qui poussent très bien sous nos latitudes. Dans les magasins style Grand Frais, l’étiquetage est précis, il permet de savoir d’où viennent leurs produits. Sommes-nous assez sages pour nous en préoccuper ?

- mention : www.pariscotedazur.fr – octobre 2007 -
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