Élections municipales : les lignes bougent

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D’Andon à Auribeau en passant par Théoule, les lignes bougent et rien n’est joué. Itou pour Mandelieu, Valbonne, Cannes et même pour Nice. Dans ces communes, où la messe semblait dite tant les sortants paraissaient hors d’atteinte, il est de moins en moins facile de prendre les paris. Quelles que soient les résultats de ces prochains scrutins, des candidats auront pris date. Nul doute qu’ils auront un rôle important à jouer, qu’ils soient dans l’opposition ou la majorité.


Les exemples de sondages manipulés ne manquent pas dans nos démocraties et profitent le plus souvent aux sortants. Il faut donc les prendre avec prudence alors qu’ils sont malheureusement devenus, à l’insu de notre plein gré, un phénomène de société et à ce titre incontournables. Qui aurait dit que Michel Mouillot à Cannes prendrait la place d’Anne-Marie Dupuy ou qu’Henri Leroy à Mandelieu succéderait à Louise Moreau ? Pas les sondeurs ni les sondés !

Andon/Canaux/Thorenc est une petite commune qui vit sur son erre, oubliant même de fêter dignement le cinquantième anniversaire de sa station de ski, la plus proche du littoral, celle de l’Audibergue. En sommeil, c’est le moins qu’on puisse dire, et son édile actuel, Michèle Olivier, ne semble pas prête à changer sa politique, celle du moindre effort. Jean-Jacques Achard a franchi le Rubicon et passe dans l’opposition avec l’ambition de remettre la station climatique à la mode et de relancer le tourisme, source essentielle de développement.

Le lien entre Thorenc et Auribeau-sur-Siagne n’est pas innocent. Pour ceux qui ont de la mémoire, c’est le maire d’Auribeau, André Varonne, qui avait eu le projet invraisemblable de faire transiter toutes les boues des stations d’épuration du littoral dans la petite commune de Thorenc pour les transformer en pseudo engrais... verts. Ce projet de présumée valorisation installée à quelques dizaines de mètres du cours d’eau de la Lane fut heureusement stoppé par les actions d’associations de protection du site. Grand propriétaire foncier grâce à la vente de terrains familiaux à Auribeau, Jacques Varonne, pèse de tout son poids sur cette commune tout en continuant à gérer plan-plan Auribeau. Comme tous les élus installés à...vie dans sa mairie, il en a verrouillé les entrées... Ce qui n’a pas découragé une liste de se constituer autour du très méritoire Daniel Bollinger qui, sur tous les dossiers, découvre que tout reste à faire.

À Théoule-sur-mer, village à l’extrême ouest du littoral des Alpes-Maritimes, une liste s’est constituée pour changer la donne et apporter du... sang et des idées neufs. Conduite par Georges Botella et notamment soutenu par Alain Solari enfant du pays et surtout par le député et secrétaire national de l’UMP, Jean-Claude Mignon (NDLR : il avait eu lui-même l’intention de se présenter mais n’avait pas obtenu l’investiture de son parti). Il semblerait qu’il ait, un autre soutien précieux, celui de Peter Van Santen, par ailleurs consul des Pays-Bas, très attaché à cette commune qu’il a contribué à réveiller par ses actions dynamiques et audacieuses comme directeur d’hôtel et (ex) président de l’Office de Tourisme.

(NDLD : Peter Van Santen a tenu à préciser qu'il avait des amis dans chacune des listes en présence et qu'il se déterminerait dans le secret de l'isoloir...)

À Mandelieu, nous avions déjà remarqué la très belle campagne de Jean-Valery Desens qui en quelques mois a su rassembler une équipe solide, active et crédible face à la citadelle Leroy. Sa liste « est plus belle que celle dont il rêvait », en opposition à celle de son adversaire qui se plaignait de ne pas avoir eu celle qu’il voulait...

Autre place forte azuréenne, Valbonne où le rose s’est depuis longtemps installé, en l’occurrence Marc Daunis jusque là jugé inattaquable. Mais le pouvoir use. Le voilà abandonné par son 4ème adjoint, Philippe Mussi (Technologies de l’information et de la Communication) qui, déçu autant par son maire que par les choix politiques d’EELV, vient de rejoindre le mouvement Nouvelle Donne. Autres déçus, Ghislaine Toulemonde, sa première adjointe (aussi à l’urbanisme et la sûreté) ainsi que Guy Sergeant, conseiller municipal. Le bateau prendrait-il l’eau ? Le magazine « Le Petit Niçois » vient en tout cas de faire sa une sur de présumées affaires qui mettraient en cause le sénateur-maire de Valbonne. Un scandale lié à de sombres affaires immobilières (un scénario habituel dans une région où, en ce domaine, les pressions sont terribles). Entre autres trois biens achetés à des prix défiants toute concurrence, un classique du genre. Si l’on se donnait la peine de chercher, combien d’élus devraient justifier d’achats de même nature ? En attendant cette improbable éventualité, Julien Dethève mène campagne et pourrait bien profiter de cette situation bien ... gênante pour le sortant.

Le député-maire de Cannes, Bernard Brochand est lui aussi la cible de la justice qui a déjà épinglé deux de ses adjoints et quatre employés municipaux. Son premier adjoint à qui il a laissé la tête de la liste pour l’échéance qui nous intéresse, David Lisnard, passera-t-il à travers les gouttes ? Les sondages (voir plus haut) le donnent gagnant de gagnant. Il semble néanmoins improbable que son opposant le plus direct, Philippe Tabarot, ne profite pas de cette actualité judiciaire.

Olivier Bettati a pris ses distances avec son maire de tutelle, Christian Estrosi. Il y avait déjà quelque temps que les deux hommes se regardaient en chien de faïence et avaient du mal à conjuguer leurs ambitions respectives... La place d’adjoint était devenue trop petite pour Olivier qui a construit une liste où figurent l’ancien premier adjoint du maire, Benoît Kandel tombé en disgrâce et, plus surprenant, Marc Concas, conseiller général étiqueté à... gauche toute. Lui aussi est donné perdant par les sondages. Il a déjà fait le buzz, il pourrait pourtant créer la surprise en faisant un très bon score.

Plus loin des rivages méditerranéens, d’autres campagnes électorales ont attiré notre attention. Ainsi celle de Gildas Lecoq à Fontenay-sous-bois est remarquable. Propre, loyale, percutante, elle augure le meilleur pour les habitants de la commune s’ils décident de lui confier les clefs de l’hôtel de ville. Il a entre autres ambitions celle de faire de Fontenay « une ville apaisée qui respecte son histoire ».

À Grenoble, Denis Bronzy s’applique à bien faire mais s’irrite de rencontrer un public apathique qui ne croit plus à la politique et encore moins à ceux qui la pratiquent. Spécialiste de droit, il anticipe une crise financière qui serait selon lui, non pas derrière nous mais devant. À bon entendeur salut !

Mais tout cela étant dit, il est clair que ces candidats, même si les sondages n’ont rien de rassurant, font une belle campagne. La rumeur de la rue et l’enthousiasme de leurs équipes leur prédisent des résultats que nous leur souhaitons encourageants. Si certains outsiders restent aux portes des mairies, leur courage, leurs convictions, leurs campagnes souvent exemplaires en feront des opposants pugnaces susceptibles de remporter de futurs combats.

Qu’ils se le disent : toutes les citadelles ne sont pas imprenables !