-Jacques Mayol pratiquant la respiration alternée -

La revue « Oggi » du 13 décembre 1973 rendait compte du développement d’un sport naissant, celui de la plongée libre. Le record de Jacques Mayol faisait date avec 86 mètres. Une surprise pour le corps médical qui avait prédit que les poumons de l'homme imploseraient à moins 40 mètres. Jacques prouvait le contraire en descendant bien plus bas. Ce n’était que le début d’une suite ininterrompue de records plus étonnants les uns que les autres.

La personnalité de Jacques interpelait et son âge aussi. Quarante six ans, ce n’est pas l’âge des records et pourtant [à 56 ans il descendra à 105 mètres]. Son secret ? La pratique assidue du yoga. On le voyait ainsi se préparant à ses plongées, assis, dans une attitude méditative, jambes croisées, s’exerçant à certaines respirations alternées, destinées à abaisser le métabolisme basal et favoriser la stabilité mentale. Il maîtrisait aussi l’uddiyana banda (en apnée expiratoire, cage thoracique ouverte, rétraction du ventre) et son prolongement, le nauli (projection vers l’avant des muscles droits abdominaux).

Ce ralentissement des fonctions organiques a pu être vérifié par le Dr. Marroni qui a soumis le plongeur à une batterie de tests scientifiques avant sa descente record qui dura 3 minutes et 6 secondes et après. Il a pu constater une diminution du rythme cardiaque qui passa de 100 pulsations/minute à 28/30 durant l’immersion (un rythme qui devrait conduire à la syncope) ainsi qu’à d’importantes modifications de la circulation sanguine, notamment un nombre élevé de plaquettes et de globules rouges.

Aujourd’hui, en 2024, cette discipline, « la plongée en apnée », s’est structurée, diversifiée et les records battus frappent notre imagination autant qu’ils surprennent les scientifiques. Le premier à franchir la barre des 100 mètres, Jacques Mayol avait montré la voie, inspirant du coup toute une génération d’apnéistes. Le public, lui, s’emballe après avoir vu et revu « Le Grand Bleu » (1988) de Luc Besson. A Jacques Mayol et Enzo Molinari autre pionnier, leurs succéderont les Loïc Leferme, Guillaume Nery, Arnaud Jerald… ou encore  Alexey Molchanov et ses 125 mètres en apnée poids constant avec palmes. 

Tous ont un point commun, la pratique de techniques de préparation mentales et physiques dont celle, historique du hatha-yoga (postures et respiration). Celles-ci font partie intégrantes de leur préparation et apparaissent comme étant, plus peut-être dans dans d’autres activités sportives, les conditions nécessaires et indispensables à l’amélioration des performances.

- le nauli associé à uddiyana banda,
pratiqué par les apnéistes, Montréal 1973 -