Côte d’Azur. Botaniquement vôtre...

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De son dernier séjour azuréen hivernal, Pierre Bourque continue à dérouler pour nous son herbier personnel. (Suite)


Le Genêt blanc
(Genista monosperma ou Retama monosperma)

Arbuste monoïque (unisexué) pouvant atteindre 4 mètres de haut, le Genêt blanc est pourvu de nombreux rameaux d’un vert argenté à gris argenté. Le feuillage est caduc, vert foncé, formé de minuscules feuilles alternés, linéaires et lancéolées ne demeurant en place que quelques jours. Les fleurs sont caractéristiques des Fabacées et composées de 5 pétales : 1 étendard dressé, 2 ailes et 2 pétales inférieurs soudés.

La floraison est longue, du mois de février à avril, de couleur blanche et surtout très parfumée. Une nuée de fleurs minuscules (1 cm), semblables à des fleurs de pois sont réparties sur de courts racèmes (grappes). Les fleurs blanches recouvrent complètement la plante, évoquant une fontaine ou une cascade d’eau, tout en offrant un spectacle saisissant. Un parfum capiteux se dégage tout autour de la plante ne laissant personne indifférent. C’est la raison pour laquelle les fleuristes utilisent ses rameaux fleuris pour accompagner les bouquets de fleurs coupées.

Le fruit est une gousse courte contenant une graine ou deux d’où son nom de monosperme. Le Genêt blanc affectionne les sols pauvres et peut, grâce à ses nodules (nodosité à Rhizobium), synthétiser les composés azotés. On retrouve aujourd’hui cet arbuste tout autour de la Méditerranée.



La Glycine de Chine
(Wisteria chinensis)

De toutes les plantes du printemps, la plus belle et la plus spectaculaire est de loin la Glycine de Chine. Imaginez une Glycine en fleurs couvrir entièrement un cyprès de 15 mètres de hauteur, ou encore, une Glycine courant sur un muret de pierres sur une distance de 30 mètres tout en exposant ses centaines de hampes florales, recouvrant le muret tout entier. Imaginez encore, une Glycine en fleurs accrochée à une tonnelle et accueillant les invités sous une pluie de grappes de fleurs bleues.

Les Glycines de Chine se retrouvent partout en Méditerranée. Elles annoncent le printemps, la chaleur, le retour des insectes et des papillons et tournent le dos aux journées froides. Les arbres fruitiers (amandiers, cerisiers, pêchers, pruniers...) terminent leurs floraisons. Les arbres feuillus, en dormance depuis l’automne (érables, platanes, chênes, frênes, noisetiers...) éclatent de partout et c’est la Glycine qui en donne le signal.

La Glycine de Chine (Wisteria chinensis) appartient à la famille des Fabacées et, elle est de loin l’espèce la plus répandue en Méditerranée. Ses tiges ligneuses et sarmenteuses peuvent atteindre jusqu’à 30 mètres de longueur. Elle peut vivre jusqu’à 50 ans et développer une grande force d’adhésion à son support.

Les fleurs s’épanouissent sur le bois nu au printemps et les grappes de fleurs papilionacées peuvent atteindre 30 cm de long. Les fleurs sont parfumées et d’un bleu violacé, pendantes et terminales. Les gousses vertes et veloutés semblables à des cosses de haricot suivent la floraison et renferment les graines à l’automne. À souligner aussi, que cette plante magnifique est à ce jour indemne de maladies ou d’insectes nuisibles. Pour nous enfin, l’arrivée des Glycines en fleurs vers la fin mars donne le signal de notre départ prochain de la Côte d’Azur et de notre retour vers le Québec.



Un rosier grimpant aux 1 000 roses

C’est devant une maison classique du 19e siècle, située dans le quartier de la Californie à Cannes, que je retrouve comme chaque année, cet immense rosier grimpant aux grandes fleurs roses avec une nuance d’orangé qui couvre sur 6 à 7 mètres de hauteur et 5 à 6 mètres en largeur, confortablement installé sur deux arbres (notre photo)… 

Quel spectacle que ce rosier, une création de Meilland, l’un des meilleurs rosiéristes au monde. Les fleurs scintillent en plein soleil dans les deux arbres comme des lumières de Noël alors que nous sommes au début du mois d’avril. A vrai dire, je n’ai jamais rencontré un rosier aussi beau et aussi impressionnant.

Ce rosier Meilland m’incite à rendre un hommage particulier à la famille Meilland qui œuvre depuis 1850 en France et dans le monde à la création et à la diffusion de la Reine des fleurs. Leur histoire débute à Lyon, près du parc de la Tête d’Or, qui abrite jusqu’à ce jour, l’une des plus belles roseraies de France. Leur célébrité mondiale est acquise après la création de la rose Peace après la seconde guerre mondiale. Antoine Meilland son créateur avait dédié cette rose à son épouse mais les Américains l’ont rebaptisé Peace pour marquer la fin de la guerre. Ainsi, la rose Peace sera offerte à chacun des représentants des 56 pays présents à San Francisco pour la création de la Société des Nations. Elle demeure à ce jour, la rose la plus vendue à travers le monde.

Francis, fils d’Antoine se marie avec Marie-Louise Paulino, fille d’un horticulteur établi au cap d’Antibes, puis déménage l’entreprise de Lyon à Antibes où il continue son travail de création sur les rosiers. Ainsi, il crée d’autres variétés de roses dont la célèbre rose Baccara qui s’écoule à plus de 25 millions d’exemplaires. Durant les années 60, Antibes devient le centre de la production de roses en France et ce, autant pour les rosiers de jardin que pour la fleur coupée. On recense à cette époque plus de 500 producteurs de roses en serre.

Malheureusement, une violente tempête en 1971 détruit une grande partie des serres tandis que la vente de fleurs coupées à la Criée de Nice doit fermer, détrônée par la Criée (Veiling) d’Alsmer en Hollande. Ce sera la fin de l’industrie de la floriculture sur la Côte d’Azur et aujourd’hui, il ne demeure que quelques producteurs de roses à Antibes. Le tourisme et la spéculation foncière ont changé la vocation de la Côte d’Azur qui est devenu l’une des destinations touristiques les plus prisées au monde.

Meilland, sous la direction d’Alain et plus récemment de son fils Mathias et de ses filles sont maintenant installés dans le Var qui est devenu le nouveau centre vinicole et horticole du Midi de la France. Aujourd’hui, Meilland est établi dans le Var pour la production de rosiers, d’arbres fruitiers et d’ornement en association avec l’entreprise Richardier. Cependant, la recherche sur les rosiers continue sous l’égide de Meilland International et opère dans plusieurs pays dont les États-Unis.

Mes compatriotes se rappellent que le Jardin botanique de Montréal renferme l’une des roseraies les plus complètes et les plus belles en Amérique du Nord. Elle est reconnue comme telle par l’Association des Sociétés de Roses d’Amérique du Nord. Cet honneur et cette reconnaissance sont le fruit du long travail d’une horticultrice de grand talent, Madame Claire Laberge aujourd’hui retraitée. En effet, c’est grâce à sa passion, son dévouement que notre roseraie s’est hissée à ce niveau international. Notre roseraie a connu au cours des dernières années une période difficile, mais son héritage est là et la rose restera encore longtemps La Reine des Fleurs.

À ne pas oublier…

(à suivre)