La Côte d’Azur et ses palmiers…

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(suite) L’ancien directeur du Jardin botanique de Montréal au Québec, Pierre Bourque, n’a « jamais été attiré par les palmiers, leur reprochant leur nudité, leur taille disproportionnée et leurs palmes mortes (feuilles) pendantes le long des troncs » se trouve subjugué par l’élégance et la beauté du Palmier des Canaries.


- palmiers, la Croisette, Cannes (c) PCA -

« Quelle élégance que ce palmier au stipe (tronc) droit avec des écailles foncées, lisses faisant corps avec le tronc et sa cime composée d’une centaine de frondes (feuilles) régulières de cinq mètres de longueur, légèrement arquées et bien distribuées. C’est une véritable sculpture vivante avec des proportions idéales entre le tronc et sa couronne.

Le palmier semble faire sa toilette quotidiennement et il aime se faire admirer isolé dans le jardin, les parcs ou sur les bords de mer. Regardez-moi, semble-t-il nous dire… Quid de ses fruits jaune-or, en grappes, toujours très visibles dans le bas de la cime lorsqu’on a affaire à un sujet femelle car ce palmier est dioïque avec des sujets mâles et femelles. Sa taille peut atteindre 15 à 20 mètres de hauteur mais il demeure toujours à portée de vue des humains.

Plus prosaïquement, le Palmier des Canaries, comme tous les palmiers, est une monocotylédone dont la plantule est issue de la germination d’une graine ne présentant qu’une feuille appelée cotylédon. Il en est de même pour le blé, le bananier ou les orchidées. La tige est appelée un stipe car il n’y a pas de formation de bois malgré son port arborescent. Le stipe est robuste et porte une couronne régulière et très symétrique de frondes arquées d’un vert profond et organisées en couronne sphérique.

Par son port majestueux, le Palmier des Canaries correspond à l’idéal du palmier ancré dans l’imaginaire collectif. Chaque fronde (feuille) peut atteindre cinq mètres de longueur légèrement retombante et est portée par un long pétiole bordé d’épines. La fronde est composée de pinnules étroites (foliole de palmier ou de fougère) en forme de V, coriaces et rigides d’un vert profond et vif.

Malheureusement, toutes les espèces de palmiers sont attaqués depuis les 20 dernières années par le charançon rouge des palmiers, coléoptère maintenant répandu et qui tue leurs hôtes deux à trois ans après une infestation. Les larves du charançon dévorent les jeunes frondes avant de coloniser le cœur du stipe et d’y creuser des galeries. Depuis 2014, il existe une obligation légale de lutte contre ce fléau sur tout le territoire français. L’utilisation d’insecticides, de phéromones, la lutte biologique et la surveillance de chaque foyer contaminé avec des zones tampons atteignant jusqu’à 10 kilomètres ont freiné la dispersion du charançon mais la lutte se poursuit toujours.

Le Palmier des Canaries est dioïque avec des sujets mâles et femelles et ce sont surtout les sujets femelles, garnis de fleurs jaunes et donnant des fruits décoratifs en forme de glands d’un à deux centimètres de couleur jaune-orangé puis brunâtres à maturité qui enjolivent l’arbre tout entier d’où la ressemblance de ce palmier avec le dattier d’Afrique non rustique sur la Côte d’Azur.

Le Palmier des Canaries a été introduit à Nice en 1864 et il s’est depuis répandu dans l’ensemble du bassin méditerranéen. Il existe environ 60 000 palmiers sur la Côte d’Azur et leur présence est intimement liée à l’environnement des plages et des stations balnéaires.

En plus du Palmier des Canaries, l’on doit signaler la présence du Washingtonia robusta et du Washingtonia filifera, palmiers les plus répandus et à plus grande taille avec leurs frondes en éventail très caractéristiques. Le palmier nain Chamaerops humilis est aussi largement utilisé dans les jardins. » (à suivre)


- palmiers, bibliothèque Picaud, Cannes (c) PCA -