Roquebrune-Cap-Martin. À la découverte du plus vieil arbre de France…
De passage dans la région, l'ex directeur du Jardin Botanique de Montréal, Pierre Bourque, aussi ancien maire de la capitale économique du Québec, était sur les traces d’un olivier plus que bimillénaire :
« C’est dans le village médiéval de Roquebrune, partie intégrante de la ville Roquebrune-Cap-Martin, située entre Monaco et Menton que nous découvrirons le fameux Olivier dont l’âge vénérable varie entre 2 200 et 2 600 ans selon les experts.
Le village médiéval ne compte que quelques centaines d’habitants sur les 13 000 âmes de la ville et pour y accéder, il faut laisser la voiture dans le stationnement municipal et grimper les marches en pierres jusqu’au cœur du vieux village. Sur la place centrale, appelée Place des 2 Frères, nous sommes accueillis par un magnifique Olivier déjà centenaire. A la droite de la place, un belvédère ouvre la vue sur la Méditerranée en surplomb à 200 mètres plus bas. Devant nous, des parapentes, immenses oiseaux colorés aux passagers intrépides virevoltent au-dessus de la mer partageant le ciel avec les goélands et les mouettes tandis qu’au fond de la vallée, à notre droite, se profilent les gratte-ciels orgueilleux du Cap Martin, de la ville de Beausoleil et de la Principauté de Monaco.
Quel contraste avec autour de nous, ce village aux maisons anciennes en pierres et leurs toitures en argile. Une sculpture dédiée à la France triomphante illumine la place tandis qu’à gauche vers les hauteurs, domine le château médiéval et son donjon réputé comme le plus vieux de France. Ce château-forteresse date de plus de mille ans et témoigne de la période carolingienne.
Quelques restaurants boutiques artisanales s’échelonnent le long de la rue Grimaldi jusqu’à la chapelle des Pénitents et à l’église Ste-Marguerite aux couleurs ocres et au parvis en calade (cailloux posés les uns contre les autres et recouverts de béton). Plus loin, une petite placette avec une table décorée par un pot de narcisses, 3 chaises et une bibliothèque garnie de livres nous invite à la détente. Des rues étroites avec tunnels ou escaliers en pierres relient les maisons privées au cœur du village. Des affiches sur les murs nous indiquent la direction de notre Olivier millénaire… nous sommes prêts du but recherché et empruntons le chemin qui mène vers Menton.
C’est là que nous l’apercevons de loin avec sa couronne qui surplombe la route. Il est adossé à un muret de pierres ou plutôt ancré sur le muret comme en symbiose avec ce dernier. Un espace pour loger trois voitures a été aménagé face à l’Olivier et nous découvrons, ébahis, l’étendue et la beauté de son tronc qui fait près de 8 mètres de largeur. Il forme un étrange entremêlement de rejets et de racines de grandes tailles absorbant les pierres sur lesquels il pousse. Le tout offre par la couleur gris foncé et la multitude des troncs et des racines juxtaposés, ces derniers crevassés et boursouflés, un spectacle d’une beauté exceptionnelle. Cet ensemble forme une circonférence de 23 mètres. De son côté, la cime ou le houppier de l’Olivier atteint 15 mètres de hauteur. Les feuilles d’un vert- foncé témoignent de l’excellent état de santé de l’arbre qui en plus porte à chaque 2 années des milliers de petites olives noires, appelées « picholines ». Nous sommes seuls et prenons des photos de notre arbre-vedette sous tous les angles. Quelle découverte.
- Pierre Bourque -
En contemplant cet arbre millénaire, je pense aux paysans qui vivent ou vivaient ici depuis des centaines d’années, à leur vie difficile, à leur méthodes agricoles rudimentaires. La plupart des terrains sont à flanc de collines et la culture n’est possible que grâce à la construction de restanques (murs en pierres sèches) dégageant de petites parcelles de culture pour la vigne, les agrumes (orangers et citronniers), les oliviers ou les caroubiers (légumineuse portant des siliques avec graines comestibles). Les plateaux sont réservés à la culture du blé, de l’orge ou des fèves. Une vie rude d’une grande simplicité et ce, durant tout le Moyen-âge jusqu’au 20e siècle. A titre d’exemple, Roquebrune recensait six moulins à traction animale pour fabriquer l’huile d’olive au début du 19e siècle.
Tout est changé aujourd’hui et heureusement, la commune de Roquebrune-Cap-Martin protège avec un soin jaloux ce village, véritable pépite du Moyen-âge et le village s’est beaucoup amélioré au fil des ans. Il est maintenant doté d’infrastructures modernes (électricité, eau, réseau de communications...) tout en préservant et valorisant son patrimoine et en misant sur un tourisme de qualité et non de masse.
Notre Olivier millénaire est devenu une attraction et je souhaite vivement que les nombreux Québécois qui séjournent sur la Côte d’Azur fassent le détour pour admirer cet arbre magnifique et y puiser, pourquoi pas, une source d’inspiration. »