Mer Méditerranée : les plastiques la mettent en danger,
et nous aussi…
Après avoir par ses inventions favorisé l’exploration de la mer et son... exploitation désordonnée, le Commandant Jacques Yves Cousteau avait vite pris conscience de la situation. Une situation qui s'annonçait déjà, au milieu des années 80, annonciatrice de drames pour la faune, la flore et directement par voie de conséquences, pour les habitants de la planète Terre/Mer.
Son livre, cosigné avec Yves Paccalet (toujours sur le… tombant), annonçait la catastrophe : “la mer blessée, la méditerranée”. Publié en 1987 aux éditions Flammarion, les deux observateurs faisaient le bilan de 35 années passées à sillonner les mers du monde, la Méditerranée étant leur pré carré (de posidonies). De Marseille à Athènes, de Chypre à Alexandrie, d'Alger à Malaga… Un contact sans équivoque qui laissait augurer le pire si rien n'était entrepris.
Rendus en 2015, on peut certes se féliciter de quelques actions, concernant les stations d'épuration des eaux usées par exemple. Mais, c'est à peu près tout et c'est peu, car depuis, la population n'a cessé d'augmenter, de même que sa soif de posséder toujours plus, plus de voitures, de consommables divers et variés, souvent liés à ce qui fait le charme de nos sociétés : le superflu… Les résultats, ce sont toujours plus de pollutions (venues de la terre et du ciel) et comme tout retournera un jour ou l'autre à la mer, dixit Cousteau, on a l'impression que tous les efforts entrepris ne servent qu'à retarder les échéances et les drames si prévisibles.
Depuis cinq ans, une paille à l'échelle de l'évolution de nos sociétés modernes, l'Expédition Med vient enfoncer le clou. Elle a concentré ses recherches sur la présence de microplastiques dans la mer. Une vraie soupe des plus indigeste, en particulier pour ses habitants qui se retrouvent dans nos assiettes. Ces particules peuvent en effet entrer dans la chaîne alimentaire et si les conséquences sur notre santé sont mal connues, on peut présumer sans crainte que cela n'annonce rien de bon… Les chercheurs planchent sur la colonisation de ces déchets par des bactéries qui forment des biofilms sur leurs surfaces.
Parmi les résultats obtenus, les participants de l'Expédition Med ont relevé de fortes concentrations issues de prélévements prises au large de Nice et de Cannes avec 185 000 microplastiques au km2, alors que la station au large d'Albenga en Italie dépassait allègrement les 330 000. D'autre part une étude initiée par Degremont, en partenariat avec la Métropole Nice Côte d'Azur, conjointement avec le laboratoire océanographique de Villefranche sur mer et l'Expédition Med, mettait en évidence le rejet en mer de milliards de fibres synthétiques en provenance des eaux de machines à laver… qui mettent ainsi en échec les systèmes de traitement des eaux usées les plus performants.
L'espèce humaine est-elle programmée pour se projeter dans le moyen/long terme, autrement que de façon intellectuelle ? Les urgences du quotidien, fins de mois difficiles, projets d'achats, vacances, soucis affectifs et intimes, ambitions pour soi-même de se faire élire ou réélire… il semble que la réponse soit non.