Max Delys, acteur italien, né à Cannes,

son passage ici bas fut bien trop rapide.

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Max Delys

Le grand-père de Max avait, en Indochine, dessiné et construit les lignes des chemins de fer. Son père, Gabriel était un véritable géant qui venait de la région de Bourgoin. Il rencontra une jolie provençale qui venait d'être élue Reine de Cannes. Il travailla comme pâtissier rue d'Antibes, chez Schiès, avant d'ouvrir un petit commerce, boulevard de la République : Aux Calissons d'Aix. Il y fit merveille avant de découvrir ses talents de rebouteux. Pendant plusieurs décennies, il pratiqua cet art avec suffisamment de succès et de sérieux, pour que le corps médical, fort au courant de son existence, ne s'en offusque. Il fut aussi un des premiers membres du Judo club cannois fondé par François Croll, repris ensuite par un de ses élèves, Roméo Degioannini futur 7ème dan.

Avec ses deux sœurs, Myriam et Michèle, Max fut élevé dans ce quartier populaire de la République, regardant ses premiers films au cinéma du Lido. Son père l'inscrivit un été à la section natation de l'ASC présidée par René Schœbel, par ailleurs directeur de la plage du Martinez. Avec un peu d'entraînement, Max se distingua et devint un des meilleurs nageurs azuréens de sa catégorie.

- article de Nice-Matin, novembre 1963 -

Max goûtait davantage les pâtisseries de son père que les études. Il possédait ce genre de beauté qui séduit les femmes et martyrise les hommes, soit parce qu'ils lui envient son charme, soit qu'ils le trouvent à leur goût…

Max réalisa assez vite qu'il plaisait. Cela lui fut confirmé un jour qu'il descendait les marches de l'ancien Palais des festivals. Encore gamin, il fut abordé par un homme jeune qui parlait à peine quelques mots de français, suffisamment néanmoins pour lui demander son adresse. C'était le cinéaste Paul Morissey qui devait le faire pénétrer quelques années plus tard dans le cercle sulfureux d'Andy Warhol

A quelques mois de sa majorité, Max le séducteur se fait séduire par une jeune cannoise à peine plus âgée. Elle travaillait à Cinecittà et en connaissait les coulisses…Très vite, Max se fait une place. Il devient un acteur populaire dans le monde des romans photos. C'était l'apogée du genre. Il avait ses fans (qui à travers Internet, continue à le louer). Un ami de la famille qui l'accompagnait le jour de sa première rencontre avec Paul Morissey, livre cette anecdote. Reliant en autobus Québec et Baie-Comeau, une ville dédiée à l'industrie papetière, quelle ne fut pas sa surprise, lors d'un arrêt dans une de ces gares routières improbables, de découvrir sur les rayons du marchand de journaux, un roman où apparaissait en première page la photo de son camarade.

Coaché par son amie, il apprend l'italien et l'anglais et fréquente les endroits branchés où se rencontrent et se mélangent réalisateurs, producteurs et acteurs. Il rêve bien sûr de faire du cinéma. Joseph Warren, Romolo Guerrieri, Victorio Caprioli, Tonino Cervi, furent parmi ceux qui, dans le milieu des années 70, lui offrirent sa chance. Il aura une aventure sérieuse avec une des plus belles actrices italiennes du moment.

C'est surtout ses retrouvailles avec le fameux Paul Morissey qui lui donnent l'occasion de se distinguer. Il le fait tourner dans l'Amour un film qu'il cosigne avec Andy Warhol. Cela aurait pu, aurait dû être son passeport pour la gloire. Le destin ne l'avait pas inscrit dans son agenda.


Max dans une scène du film d'Andy Warhol

Max quitte Rome, son confortable appartement, ses amis, ses fans. Il rentre à Cannes en 1978 où nous l'y retrouverons. Il se confie peu, avoue avoir eu des problèmes avec le fisc italien qui lui a vidé ses comptes. Un article dans un magazine parle de drogues. Nous n'en serons guère plus. Max ne se plaint pas, ne paraît pas aigri. Il travaillera à Cannes pour une entreprise dirigée par le controversé capitaine Baril. Peu de temps après, il tombe malade. Sa famille le soutient autant qu'elle le peut. Je vais le voir à l'hôpital des Broussailles. Un jour il me reconnaît, un jour non. Il est parmi les premières victimes d'un mal qui a dévasté toute une génération.

Ses parents sont morts, dévastés par le chagrin. Ses sœurs et ses amis cannois (Fauroux, Pascalini, Nigoux, Chavanne...) se rappellent de lui et déplore son absence. Dans un monde dur, sans pitié, celui du spectacle, il était du côté des gentils. Paul Morissey que nous avons revu durant l'avant dernier Festival de Cannes a parlé de Max avec émotion. Max n'était pas de ceux qui laissent de mauvais souvenirs.