La loi littoral dérange les projets des promoteurs immobiliers,

et des spéculateurs en tout genre. Elle contrarie les maires soucieux de développer leur commune. Mais rien n'est gagné.

- le Trayas, massif de l'Esterel -

Christian Estrosi, ministre délégué à l'Aménagement du Territoire et président du Conseil général des Alpes Maritimes a participé à l'installation du Conseil national du littoral mis en place par le gouvernement. Il a déclaré à cette occasion sa volonté de lutter contre les "bateaux voyous" et le "bétonnage anarchique" de nos côtes. Est-ce un vœu pieux ou une de ces déclaration d'intention qui ne mènent à rien ? D'autant que la pression est grande de la part des maires du littoral qui ne voient pas toujours d'un bon œil, la stricte application de la loi littoral.

A y regarder attentivement, on s'aperçoit que la composition de ce Conseil du littoral donne beaucoup de place à des élus dont on sait qu'ils ne sont guère favorables à cette loi. Parmi des 72 membres désignés par le Premier ministre pour cinq ans, on compte en effet 35 élus plutôt favorables à des amendements leur laissant plus de liberté. Liberté de construire plus et plus près de la mer…

Ces membres auront à définir une nouvelle approche de la politique du littoral. Autrement dit à plancher sur un ajustement de la loi aux réalités du terrain et plus précisément aux pressions des développeurs, des urbanistes conquérants, des promoteurs prêts à tout pour construire leurs programmes immobiliers. Les exemples sont trop nombreux de passe-droits, et de fraudes plus ou moins évidentes. Certains de ces membres risquent donc d'être ainsi juges et partis.

La France pouvait jusqu'à présent se féliciter de cette loi, unique en Europe. Depuis 1986, elle interdisait toute construction à moins de 100 mètres du rivage et la création de routes à moins de deux kilomètres de la côte. Il y a de plus en plus de chance - en est-ce vraiment une - que des amendements lui rognent peu à peu les ailes. Comment peut-on à la fois enrayer le bétonnage du littoral et satisfaire aux demandes d'élus, bien représenter dans le cadre d'un Conseil dont les conclusions seront très écoutées ?

Quant aux bateaux voyous responsables de nombreux dégazages sauvages, la législation balbutie encore, prisonnière d'autres lois internationales désuètes. A cela il faut encore ajouter les problèmes liés au développement de la navigation de plaisance, en terme de places dans les ports, de comportement dans les mouillages, de gestion des déchets…Concernant l'augmentation du tourisme de masse qui se traduit par la présence de plus en plus gros bateaux de croisières, à qui fera-t-on croire qu'elle ne génère pas de sérieux problèmes qui viennent s'additionner à ceux déjà nommés ?

Le changement climatique amènera à se poser d'autres questions encore plus préoccupantes. Elles ne sont pas encore à l'ordre du jour du Conseil national du littoral.

- mention : www.pariscotedazur.fr - octobre 2006 -