Cannes sans le Festival

En hommage à Jacques Dutronc.



Que serait devenu ce petit village de pêcheurs mis à la mode par quelques riches anglais et par autant de princes russes ? Fort de ses multiples atouts, de sa baie ouverte vers les collines si bien dessinées de l'Esterel, de ses îles si proches, de son Suquet qui domine le Mont Chevalier, de sa pointe du Palm Beach, il se serait de toute façon fait une place au palmarès des lieux bénis par les Dieux et par son ministère sur terre, le secrétaire d'Etat au Tourisme.

Quand, un beau jour de 1939, le gouvernement français décide la création du "Festival International du Film", il choisit Cannes pour accueillir la manifestation, à cause justement de son cadre enchanteur. Les dès étaient jetées, Cannes allait devenir chaque année, pendant deux semaines, la capitale mondiale du cinéma. Ce fut le début d'une longue histoire qui nous a amené à vivre avec intensité sa 58 ème édition. Les projecteurs de toutes les télévisions du monde ont été braqués sur la Croisette, sur les vedettes et leurs atours… Les cinéphiles ont pratiqué intensément leur vice, les critiques disséqué les œuvres, sans craindre de les écorcher. Le jury a distribué ses notes sans redouter de se faire fustiger. Les guerres ne se sont pas arrêtées pour autant, sujets futurs pour des réalisateurs en mal d'inspiration. Des hommes et des femmes ont continué à s'aimer, d'autres à se haïr, des enfants à souffrir. Les pauvres sont toujours pauvres, les riches toujours riches, les uns comme les autres grands consommateurs d'images et de rêves éveillés qui se regardent seul ou à plusieurs dans l'obscurité.
Il est cinq heures, Cannes s'éveille. Il est cinq heures, je n'ai pas sommeil. Les services de la voirie nettoient les rues et vident les poubelles.


- mention : Alain Dartigues – www.pariscotedazur.fr - mai 2005 -