De l’ASC au Cercle des Nageurs de… Cannes.
Hommage... tardif à René Schoebel et à ses frères.
- René Schoebel, 1961 -
Commençons par Albert. Nageur de brasse, il participe aux J.O. de 1932 à Los Angeles. Il enseigne ensuite la natation avec son frère Émile à l’École normale supérieure d’Éducation Physique et Sportive ancêtre de l’INS. Ce dernier met en place une des premières méthodes d’enseignement de la natation destinée aux scolaires. Il faut se rappeler qu’à l’époque, on utilisait encore la potence Trotzier comme outil d’apprentissage. L’élève était suspendu à la taille à un appareil qui le plongeait progressivement dans l’eau où il effectuait les gestes appris allongé sur un tabouret. La dite potence sera utilisée dans les piscines parisiennes jusque dans le milieu des années 50...
Un autre frère, René, choisit lui le Sud, du moins en été. Il atterrit à Cannes où il prend la direction de la plage de l’hôtel Martinez. Sa femme est à la caisse, lui donne des leçons de natation et de ski nautique, un sport réinventé non loin de là, à Juan-les-Pins, par Léo Roman, mais c’est une autre histoire…
Comme beaucoup à cette époque, les plagistes sont des saisonniers. En effet, en hiver, les installations sont complètement démontées et le sable reprend toute sa place… C’est le temps pour René de partir à Megève où il donne des leçons de natation dans la piscine très chic de l’hôtel du Mont d’Arbois. Il tentera bien une fois l’expérience américaine. Il passe un hiver à Miami avec sa femme et ses deux enfants adoptés. Le garçon est coloré. Il découvre alors mais un peu tard que le Sud des États Unis vit toujours avec le souvenir du ségrégationnisme… Retour à la case départ, retour sur la Croisette.
Dés la fin des années 50, René a pour projet le développement de la natation sportive qui souffre sur la Côte d’Azur du manque de piscines publiques. La seule se trouve à Nice, c’est celle du Piol. C’est un bassin de 25 mètres alimenté par un puits artésien. Qu’à cela ne tienne, René prend la présidence de la section nautique de l’Association sportive de Cannes. Les entraînements se passent en mer. René donne rendez-vous aux candidats sur le ponton du Martinez. Là, il entrepose des planches et, entre deux cours de ski nautique, il donne ses consignes. C’est un début. Plus tard, un éducateur bénévole viendra compléter ses prestations. L’année suivante, il embauche un entraîneur parisien, Claude Barre, pendant les mois d’été. Premières compétitions en piscine avec le CTBB de Nice et premières surprises pour les nageurs cannois lorsqu’il faut virer contre le mur… Les années passent et toujours pas de bassin pour s’entraîner. Alors, on s’entraîne où l’on peut. Un été se sera un bassin délimité par des bouées qui est installé près du vieux port, derrière le Casino ; une autre fois, les entraînements se passent dans les ruines du Palais des Sports, à l’emplacement actuel du Port Canto. Des conditions inimaginables aujourd’hui...
La construction en 1961 de la piscine privée du parc François André, plus connue comme étant celle du Montfleury, vient débloquer le compteur. Les premiers résultats sont encourageants face aux compétiteurs de Nice, de Grasse, de Menton et de Monaco. Mais pour les nageurs azuréens, la saison n’est qu’estivale et se termine par des Championnats départementaux en septembre… René Schoebel ne se décourage pas et cherche des solutions. Pourquoi pas une fusion avec le Club de tennis du Montfleury, dirigé par le couple dynamique des De Tremeuge ? Apparaît à ce moment Pierre Barbit. En rupture de ban avec le Racing Club de Paris, il s’invite aux entraînements. Rapidement il remarque plusieurs nageurs prometteurs (Lassalle, Brown, Marguier, Biancamaria, Andraca…). Conscient qu’ils ne progresseront pas sans préparation hivernale, il leur propose de monter à Paris et reprend, avec plusieurs d’entre eux, du service au Racing.
Désabusé mais pas trop d'avoir perdu ses meilleurs éléments, René rencontre Albert Amar et Jean Wohl et tout trois décident alors de fonder le Cercle des Nageurs de Cannes. Nous sommes en 1967. C’est le début d’une nouvelle histoire. René ne vit à Cannes qu’une partie de l’année et se fera discret. Dans l’attente d’une piscine publique, les Cannois se partagent entre des entraînements en mer et des séances dans le bassin de la l’ASCG et de la piscine Altitude 500, dans celle aussi de l’ISCC au Port Canto. Le premier entraîneur sera, sauf erreur, Georges Cantagrill qui, malgré des conditions de préparation aléatoires, amènera Anne Gaudibert aux portes de l’équipe féminine A. De nouvelles perspectives s’ouvriront dès la construction de la piscine couverte Pierre de Coubertin, à La Bocca. Sur sa lancée l’ASC deviendra, sous la présidence de Patrick Chos, un des tout premiers club français. CQFD !
- Franck Benoiton, Georges Cantagrill, Anne Gaudibert,
1968, piscine du Port Canto -