Pays cannois. Aquanaut, la politique « m’a tuer »...
Aquanaut, association issue du Syndicat mixte des Campelières, englobait à sa constitution Le Cannet (le plus gros contributeur), Mougins (pour le siège social et la position géographique de la piscine) et Mouans-Sartoux. Plus tard, cette dernière entité, en rejoignant la Communauté d’agglomération de Grasse, se retira de son administration.
La construction de la piscine Tournesol des Campelières justifiait en elle-même l’existence de cette intercommunalité. Elle date de 1975. C’est l’une des quelques centaines qui sortirent de terre - façon de parler - dans le cadre de l’opération des « 1000 piscines », opération lancée par le ministre des sports François Missoffe.
Cette piscine de 25 mètres sur 10 avait vocation essentielle d’accueillir le public de ces trois communes et leurs écoles primaires et secondaires. Il fallu attendre une dizaine d’années pour qu’un MNS présente à sa direction le projet d’une école de natation baptisée « Mieux nager ». Claude Lanza, adjoint du maire du Cannet et alors président du Syndicat mixte et Sylvestre Mirabelle son secrétaire général, acquiescent. Après une période d’essai, il fut décidé pour plus de souplesse, de créer une association loi 1901 ayant pour but « la pratique et le développement des activités nautiques et aquatiques ainsi que les activités de sauvetage pouvant s’y rapporter ». Aquanaut était né, le nom fut déposé et un logo trouvé.
Si l’initiateur du projet espérait profiter de l’occasion pour former une section « natation sportive », il dut se faire une raison. Le cahier des charges rendait impossible de dégager le nombre de créneaux nécessaires et indispensables pour entraîner une équipe susceptible de se mesurer aux clubs voisins.
L’ambition d’offrir à la population des trois communes et des communes limitrophes un maximum de services, prit un autre tour. Ainsi furent créées des écoles de natation pour les enfants du primaire (dont un cours dispensé en anglais pour les enfants du CM2), du secondaire, d’autres pour les adultes (Masters). Dans ce cadre, des initiations aux gestes de premiers secours furent aussi dispensés régulièrement (Sauvetage aquanautique). Puis, un cours pour les tous petits (Bébés nageurs) - un des premiers dans la région - fut mis en place. Cela nécessita de chauffer l’eau à une trentaine de degrés tous les samedis matin. Itou avec la Gym dans l’eau (Aquagym), une activité toute nouvelle qui eut une succès immédiat. Se rajoutèrent des cours hebdomadaires « Pré et postnatal », prodigués par Marine Protin, sage-femme à Grasse .
L’équipe pédagogique et le Conseil d’administration ne manquaient pas d’idées pour utiliser les compétences de chacun. Ainsi une activité Natation/Voile vit le jour. En été et les mercredis durant la période scolaire, les enfants venaient nager le matin, mangeaient un sandwich à la piscine et partaient l’après-midi pratiquer l’Optimiste ou le mini-catamaran à la Maison de la Mer de Mandelieu, le tout sous la responsabilité de Nicolas Jacquemet et Alain Dartigues, MNS et moniteurs de voile diplômés. Ils avaient eu l’idée originale de mettre un Optimiste dans la piscine. L’embarcation retournée, les enfants, habillés et avec leur ceinture de sauvetage, expérimentaient le fait d’être retenus dessous et apprenaient à se sortir d’affaire tout seul sans paniquer. Des mini-croisières (Théoule-Porquerolle et Mandelieu-Calvi) furent même organisées au profil de malvoyants de l’association Valentin Haüy qui fréquentaient la piscine. Autre projet prévu, « Natation/Musées », séance de natation le mercredi matin, sandwich à midi et visite guidée dans l’un des nombreux musée de la région.
Une dynamique s’était créée entre les adultes pratiquants, les parents d’élèves, le Conseil d’administration d’Aquanaut, et les dirigeants du Syndicat mixte des Campelières. Ça marchait plutôt bien, voire très bien… avec, chaque année plusieurs centaines de membres inscrits, des sorties en groupe, des « Challenges intergénérationnels » qui rassemblaient parents et enfants dans des relais parties de fou-rire... D’ailleurs, tous les créneaux ouverts au public se remplissaient et donnaient lieu à des listes d’attente dans à peu près toutes les activités. Par ailleurs, et comme il est la règle dans les associations Loi 1901, la gestion était faite de façon bénévole (inscriptions, trésorerie…). Une bonne ambiance régnait à tous les niveaux.
Mais, apparemment ce succès, en mettant l’accent sur son président Claude Lanza, le rendait trop visible. Le maire du Cannet, Pierre Bachelet ainsi que celui de Mougins Roger Duhalde le virent sans aucun doute comme un présumé concurrent. Assuré de sa non-reconduction sur aucune des listes, Claude Lanza se résolut à présenter la sienne. Malgré l’appui du premier adjoint de Mougins, Pierre Tallent son beau-père, il échoua contre Richard Galy, le poulain du maire sortant. Il apparut rapidement que le nouveau président du Syndicat mixte, Paul Taix, avait mission de rendre difficile la pérennisation d’Aquanaut, qui, faute de créneaux, dut rendre les armes. Fort heureusement, les activités essentielles furent reprises en gestion intercommunale mais, la dynamique n’était plus la même et plusieurs activités durent cesser. Le président suivant, Daniel Béroud, acheva d’ailleurs la tâche de son prédécesseur en abandonnant l’activité « Natation/Voile ». Depuis, et malgré l’intermède que fut Aquanaut (de 1987 à 91), beaucoup d’eau s’est écoulée dans la piscine des Campelières, des milliers d’enfants du secteur scolaire, d’adolescents, d’adultes et de BBN ont appris à nager et pratiquer une natation de loisir. Longue vie à la piscine du Syndicat mixte et à ceux qui l’animent !
- Autre dossier à mettre à l’actif de Claude Lanza et de Sylvestre Mirabel (plus tard officiel et membre du Conseil d’administration du Cercle des nageurs de Cannes), la bonne gestion du « Foyer pour tous » des Mimosas au Cannet. Durant leur mandat, écourté pour les mêmes raisons évoquées plus haut, les activités récréatives et culturelles redoublèrent de dynamisme. A noter aussi, durant les années Aquanaut, le passage de Patrick Roubaud qui, de nageur devint membre actif du C.A. avant de passer son diplôme d’État de MNS puis d’embrasser une brillante carrière de journaliste, reconnu pour la qualité de ses reportages en Corse pour TF1 .