Le Cannet. Bonnard, la beauté du quotidien...

L’artiste donne vie et sens à son environnent le plus trivial. C’est entre le début des années 10 et le milieu des années 30, que le peintre réalise près d’une trentaine de tableaux, presque exclusivement des natures mortes mais aussi un nu et deux intérieurs.


L’exposition cannettane qui explorera cet aspect de son œuvre du 29 juin au 3 novembre, révèle son attachement aux objets simples et apparemment sans histoire. « Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer », questionne à son tour l’artiste.  

On sait que les objets rares intéressaient fort peu l’artiste qui avait besoin de vivre durablement avec un objet ou un environnement pour en scruter sa valeur intrinsèque. Ainsi, on n’est pas surpris qu’il ait donné une place particulière à un pot dans plusieurs de ces peintures. Le musée Bonnard possède d’ailleurs deux exemplaires de ce broc devenu un objet de curiosité par le fait qu’il servait au peintre de vase pour ses compositions. 

Quelques fleurs des champs (coquelicots, fleurs sauvages) le plus souvent d’un agencement simple et posé sur une table au riche décor coloré : damiers, livres... Cet objet du quotidien n’échappe pas à la singularité qu’apprécie le peintre. « Autour de moi, je vois souvent des choses intéressantes mais pour que j’aie envie de les peindre, il faut qu’elles aient une séduction particulière - la beauté - ce qu’on peut appeler la beauté. Je les peins en essayant de ne pas perdre le contrôle de l’idée première. » confie Pierre Bonnard à Angèle Lamotte en 1942. 

Émotion saisie ou véritable construction à partir d’une émotion, d’un ressenti. La liberté de Bonnard se perçoit dans ses compositions décoratives. Elle est aussi visible dans les dessins, première idée ou aide-mémoire à partir d’une sensation transformée par la couleur. Ainsi Bouquet de fleurs, 1926 symbolise ce moment « où la couleur se transforme en valeur. » Ici, ce pichet n’est plus blanc immaculé mais se nimbe du bleu de la pièce. Il nous renvoie à cet enchantement inattendu conduisant l’artiste à créer une composition transformant la réalité et la perception spatiale. « Il n’y a qu’une seule formule qui convient parfaitement à la peinture : beaucoup de petits mensonges pour une grande vérité ». En effet, Bonnard bouleverse notre façon de percevoir les choses dans ces compositions peu conventionnelles. CQFD !


- Pierre Bonnard au Cannet tenant un bouquet de roses
© archives musée Bonnard, Le Cannet -


Musée Pierre Bonnard
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