Consommation : le grand écart…

ou l’impossible quadrature du cercle.

Crédits:
textes par

Aujourd’hui, le Monde d’hier a toute ses chances de revenir en force. Pas question de tirer de salutaires retours d’expérience. On est si bien installé dans notre confort, avec comme perspective, le week-end qui arrive, les vacances à programmer, la voiture et l’écran plat à changer, la retraite à planifier. J’en passe et des meilleures (projet d’édito, 2019).


- les bateaux de croisière déversent des millions de touristes dans la cité des Doges,
photo  Crisfotolux / Istock -


Le problème, les problèmes, qu’ils soient sociétaux ou individuels, semblent impossibles à résoudre, tant nous sommes dans l’incohérence, l’irresponsabilité, le déni aussi. Nous avons d’un côté une société dont la prospérité dépend en grande partie de la consommation de biens divers, variés et non-essentiels, de l’autre, les conséquences environnementales, écologiques et climatiques de nos choix (loisirs, travail). Si, sur le court terme, c’est jouable, à l’aune des changements climatiques, cela l’est moins sur le long terme. On peut en effet continuer pendant plusieurs générations à puiser dans les réserves, creuser la dette, voire progressivement diminuer notre qualité de vie. Et je ne parle bien sûr que des pays développés. Pour les autres, c’est déjà et depuis longtemps, la misère qui ne fera que s’accentuer avec d’importants déplacements de population à prévoir.

Les exemples d’incohérences et d’intérêts divergents ne manquent pas, pour illustrer cette dichotomie entre des intérêts à court terme et ceux des générations futures menacés par des changements drastiques liées au développement même de nos activités démultipliés par une démographie exacerbée. Nous n’avons que l’embarras du choix… Ainsi, on pourrait mettre en exergue les 5èmes Rencontres Départementales du Tourisme Azuréen qui se sont déroulées à Nice. Organisées par le CRT Côte d'Azur, le Département des Alpes-Maritimes et la CCI Nice Côte d'Azur, elles avaient sollicité l’aide des dirigeants d'entreprise, de start-up innovantes, de représentants associatifs, d’étudiants… pour apporter de l’eau au moulin et des idées nouvelles, avec l’objectif principal « d’accroître la dépense touristique moyenne et de stimuler la consommation. »

Ce qui n’empêche pas certains professionnels de s’inquiéter et de se poser des questions de fond, comme Philippe Mojican, fondateur du Côte d’Azur Lab’, lancé en novembre 2018 et premier du genre en France. Sorte d’incubateur du tourisme durable euro-méditerranéen mer-montagne, il s’agit d’accompagner les startups innovant dans le domaine du tourisme responsable euro-méditerranéen. Association loi 1901, composée d’un panel d’experts dans les domaines du tourisme, du marketing, du développement durable et de l’innovation, l’incubateur a reçu le soutien de l’Agglomération Cannes/Pays de Lérins, du Club de la Presse 06 Med et de la Sustainable Design School. 


- tourisme de masse (de luxe) en Antarctique sur le Ponant...


« Notre maison brûle (constatait déjà Jacques Chirac) et nous, professionnels du tourisme, nous avons décidé de changer d’urgence nos habitudes. » lance Philippe Mojican qui s’inquiète et propose : « La Côte d’Azur doit rester la référence mondiale dans le domaine du tourisme. L’excellence de ses professionnels, reconnue dans le monde entier, a permis à la région de se hisser au top des destinations depuis plus d’un siècle. Aujourd’hui, il est temps de repenser notre modèle de création de valeur ajoutée et d’emplois. Il est temps que nous prenions tous en considération l’impact carbone et humain de nos activités sur notre territoire pour rester un des leaders mondiaux. D’ici 2030, 100 % de nos clients préféreront un tourisme responsable et durable à un tourisme carboné et pouvant être vecteur d’inégalités. Le Cluster Tourisme Durable a pour but d’accompagner les acteurs du tourisme à réussir cette transition écologique et énergétique de leurs métiers et entreprises (hébergements – transports – activités – destinations – clients). »

Où en est-on de cette prise de conscience, combien sont-ils aujourd’hui à vouloir vraiment changer la donne ? Remettre par exemple à plat le dossier du Tourisme de masse ? La responsabilité des professionnels est à notre avis considérable. Car, c’est l’offre relayée par les moyens de communication les plus efficaces qui déterminent nos choix. Pas de publicités pour les croisières, pas de forfaits ski, pas de « all included », pas de promotions plus alléchantes les unes que les autres... et il n’y aura pas de paquebots de 3000 passagers, pas de constructions de nouvelles remontées mécaniques et de canons à neige… 

Une offre plus vertueuse est une nécessité, d’autres choix à proposer, sous peine de lourdes sanctions collectives… Dézolé !