Kalimera, mon amour !

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Catégorie Les Arts au soleil

Texte écrit le 2 mai1972, à San Miguel de Allende, au Mexique. J’avais loué une chambre avec accès au réfrigérateur chez un peintre californien, William Folley qui s’était établi dans ce village pittoresque au Nord ouest de Mexico city avec sa compagne mexicaine. Une petite communauté d’artistes et de retraités américains y vivait en bonne entente avec les locaux. Les élus avaient eu la bonne idée de prendre des mesures pour garder à ce lieu tout son charme. Les câbles électriques étaient enterrés par exemple, pas de panneaux publicitaires, les enseignes des magasins harmonisées à l’ancienne, un urbanisme cohérent… une ambiance paisible. Je me rendais quelques fois, le soir tombé dans l’atelier de Will. Il passait en boucle « Bridge over Troubled Water » dans sa version originale. Entre deux verres de tequila et d’herbe fumée, il mettait les dernières touches à son dernier tableau avant de l’expédier dans une galerie de Los Angeles.

Il m’arrivait aussi de rêver. C’est bien la moindre des choses. Mon voyage initiatique en Grèce effectué peu avant, avait laissé des traces. J’avais aux lèvres un goût d’inachevé. J’ai retrouvé ce texte pour en donner une version actualisé... toujours étonné de constater ce que la poésie éveille et réveille en nous :


Kalimera mon amour !

Oui, je retournerai dans les Dodécanèses
nous serons deux encore une fois
je te montrerai la maison de Lindos, son Acropole, le citronnier, les galets, le chat noir
le sable fin et les petits cailloux que nous ramassions sur le chemin
je connais, pas très loin au sommet d’une falaise qui domine la mer, un monastère abandonné
nous y ferons l’amour si tu veux bien
nous écouterons le vent siffler et bouger au rythme des étoiles
puis je te montrerai l’anse de Saint Pierre où nous irons pêcher l’octopodi à la main

Toi, tu me conduiras à Kos
tu me raconteras vos promenades à bicyclette, Londres aussi et l’Italie
et nous nous souviendrons ensemble de nos bonheurs passés
alors, les yeux ouverts, nous sourirons à nos destins croisés

Puis, nous oublierons tout, nous serons neufs, libres et sereins
et nous irons, main dans la main à Kalimnos ou à Santorin
nous nous éveillerons à l’ombre des oliviers, plongerons dans l’eau claire
avant de se rouler dans le sable lavé d’une île appelé Amorgos

Nous irons où souffle le Melten, le vent des Cyclades
et nos pensées s’envoleront avec lui, très loin vers d’autres îles
nous passerons des nuits à danser leurs danses d’homme
à nous saouler d’ouzo, de résiné et d’autres drogues

Alors, nous nous réfugierons à Ios, un soir d’hiver, un samedi je crois, dans une taverne
tu y joueras pour eux, pour moi, d’un instrument mystérieux, à trois cordes…

Yassou, Yassou, Bienvenu au pays de mes rêves !

SURROUNDED BY THE SEA
SURROUNDED BY THE TREES
SURROUNDED BY YOUR ARMS
IT’S LIKE AN HUMAN PARADISE