Le climat change mais pas nous...

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Catégorie Les paradoxales

La crise climatique est liée au social autant qu'à notre mode de vie, très sensiblement différent selon que l'on soit riche, moins riche, pauvre ou miséreux... selon que l'on habite au Sud ou au Nord, à l'Est ou à l'Ouest… Elle nous impose de mettre à plat de nombreux dossiers, de nous questionner sur nos options et nos choix de vie.



- le ciel est par dessus le toit, si rouge cette fois -


Il fut un temps où l'on ne savait pas (mêmes si certains s'en doutaient). En effet, la plupart d’entre nous n'avait pas accès à l'information adéquate et cela nous sert d’alibi et nous donne bonne conscience. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. L’information est à la disposition de tous, elle est même omniprésente, à la limite d’être obsessionnelle, dans les médias et sur les réseaux sociaux. Cela nous met face à nos multiples responsabilités. Comment allons-nous continuer à consommer (viande ou pas), comment occuper nos loisirs (ski alpin ou de fond, ski-jet ou dériveur), nos vacances (à proximité ou au bout du monde), quel métier allons-nous faire ou changer (buraliste, croupier ou adepte de la permaculture) ? Où allons-nous choisir de vivre (si tant est que nous sommes en situation de le faire bien entendu), à la campagne, comme le permet de plus en plus le télétravail, dans une ville de moyenne importance, ou dans une métropole ? Alors-nous choisir de fonder une famille nombreuse ou de taille modeste, voire de ne pas avoir d’enfants (rien ne nous empêchant d’en adopter d’ailleurs) ?

A ce choix individuel qu’il ne faut pas sous-estimer, il y a un choix collectif bien plus difficile à appréhender. Il apparaît pour beaucoup d’entre-nous comme assez abstrait alors que le spectacle que donne tant d’acteurs de la vie politique et économique, est plutôt décourageant. L’actualité ne nous incite pas à l’optimisme. États totalitaires, États autoritaires, autocraties, Républiques bananières prolifèrent, avec en corollaire des guerres de territoire, bientôt des guerres climatiques et une industrie de l’armement florissante... De quoi douter de l’espèce humaine dont les grands leaders préfèrent engloutir nos ressources dans la conquête de l’espace plutôt que résoudre le problème de la faim dans le monde et de tous ceux qui en découlent.

Faut-il le dire encore : nous sommes à la croisée des chemins. Il est vrai qu’il existe quelques signes encourageants qui confirment une prise de conscience individuelle suivie de petits gestes concrets. J’ai été moi-même étonné qu’autant de personnes se plient aux contraintes liées au recyclage notamment ménagé. Mais à côté de cela, l’incivilité est flagrante (dépôts sauvages, en ville aussi bien qu’en milieu rural).

Sans doute poussés par l’ampleur de cette prise de conscience, des chefs d’entreprise et des gouvernements font eux-aussi preuve de volontarisme. Mais, ils sont freinés par un Principe de réalité : la prospérité économique de la société qu’ils défendent, est basée sur la consommation, une consommation qui ne parait pas avoir de limite et trop souvent de sens. Il ne s’agit plus simplement de pouvoir au nécessaire mais, depuis longtemps déjà, au superflu, voire à l’inutile. 

De leur côté les scientifiques cultivent les ambiguïtés. Ils y a ceux qui se distancient des enjeux civilisationnels, souvent par peur de perdre leurs budgets de recherche. Il y en d’autres qui tirent la sonnette d’alarme mais leur message a du mal à passer dans le public, surtout s’il prône la décroissance et la sobriété. Les politiques non plus n’aiment pas les mauvaises nouvelles s’ils n’en tirent pas un profit tandis que beaucoup de chef d’entreprise ne regardent que le bilan comptable…

Le neurobiologiste Sébastien Bohler évoque de son côté un cerveau humain programmé pour poursuivre quelques objectifs essentiels, liés à sa survie à court terme : « manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, le faire avec un minimum d’efforts et glaner un maximum d’informations sur son environnement. » Il avance l’idée que ce programme génétique n’a guère changé depuis des millénaires. Ceci expliquerait donc notre difficulté, voire notre impossibilité d’avoir un comportement responsable à long terme. Un véritable handicap à l’heure où il semble évident de l’intérêt, sinon de la nécessité absolue de changer de modèle. Mais, toujours en consultant les informations, « le Monde d’hier » fait de la résistance quand il ne revient pas en force. L’expérience de la Covid ne nous aura-t-elle donc servi à rien qui nous avait fait croire quelques mois durant, à l’existence possible d’un monde plus juste, plus raisonnable dans ses choix, un monde avec un avenir ?