Cannes Festival… morceaux choisis.

À partir d’hier et pour tout le week-end, le public pourra découvrir en avant-première Olivia de Havilland, l’insoumise de Daphné Baiwir et Morceaux de Cannes d’Emmanuel Barnault, deux documentaires-événements à visionner gratuitement en ligne sur le site du Festival et sur la chaîne Dailymotion de Ciné+.



- photo (c) Affif -


Le Festival de Cannes innove en permettant à tous les spectateurs et les passionnés de cinéma de découvrir sur son site et en avant-première deux documentaires sélectionnés à Cannes Classics qui seront ensuite diffusés par leurs chaînes respectives. Il s’agit de Morceaux de Cannes, un documentaire signé Emmanuel Barnault, réalisé à partir des archives de l’INA, dévoilant des images célèbres ou inédites de l’histoire du Festival.

Du Festival de Cannes, on croyait avoir tout vu, tout lu, tout entendu, entre paillettes et bruits de couloirs, scandales et censures. Et pourtant ce film nous convainc du contraire. Le troisième événement planétaire (avec les Jeux Olympiques et la Coupe du monde de football) ne livre ses secrets qu’avec parcimonie, son film en témoigne. Fruit d’une recherche passionnée dans les archives de l’INA, ces 52 minutes sans interviews ni voix off, enchaînent des séquences rares et certaines inconnues. Mises bout à bout, elles racontent une histoire du Festival surprenante, originale et chaleureuse. Sur la plage, au coin d’une rue, dans un restaurant ou dans l’intimité d’une chambre d’hôtel, ces archives oubliées convoquent les plus grands cinéastes, comédiennes et comédiens des soixante-dix dernières années, de Jean Cocteau à David Lynch, pour une anthologie de l’histoire du Festival. La meilleure manière de patienter jusqu’à l’ouverture de la 74e édition !



- Olivia de Havilland, présidente  - 1965, photo (c) Alain Dartigues -


Le second film est Olivia de Havilland, l’insoumise de Daphné Baiwir, un portrait sensible consacrée à cette glorieuse figure de l’âge d’or d’Hollywood qui contesta également le traitement réservé aux actrices. Elle fut aussi et surtout, en 1965, la première femme présidente du Jury au Festival. D’origine britannique, née au Japon, ayant grandi et fait carrière aux États-Unis puis s’installant en France, Olivia de Havilland est la plus internationale des stars hollywoodiennes. C’est aussi elle qui a bousculé la face de Hollywood et des studios avec son procès gagné contre Jack Warner, alors qu’elle était à peine âgée de 26 ans, permettant à tous les acteurs suspendus alors qu’ils combattaient pendant la Seconde Guerre mondiale de pouvoir renégocier leur contrat. Cette « loi de Havilland » permet d’assouplir les contraintes qui pesaient sur les acteurs sous contrat. Elle a obtenu deux Oscars de la meilleure actrice, en 1947 pour À chacun son destin (To Each His Own) de Mitchell Leisen et en 1950 pour L'Héritière (The Heiress) de William Wyler. En 1965, elle est devenue la première présidente du Jury du Festival de Cannes, vingt ans après sa création.

L’admirable film de Daphné Baiwir dit l’actrice autant que la femme exceptionnelle qu’était Olivia de Havilland, ses combats, la distinction de son jeu, les formidables interviews qu’elle donnait, les risques pris dans sa carrière, les choix d’une vie, aussi. Il renvoie à une idée du cinéma qui s’éloigne chaque année un peu plus mais à laquelle le temps qui passe donne toujours plus de force. Olivia de Havilland s’est éteinte à Paris le 26 juillet 2020. Ce film est la plus belle des façons d’honorer sa mémoire.