La crise post Covid touchera les femmes plus que les hommes...

Économiste et essayiste, Jean-Luc Ginder, dénonce dans son éditorial, une situation de fait :




« De nombreuses inégalités structurelles entre les hommes et les femmes sont déjà présentes et la crise qui se prépare agira comme un révélateur et aggravera la situation. L’observation de la situation des femmes à travers le monde et en France nous confirme que les femmes gagnent moins, épargnent moins, occupent des emplois moins stables et souvent dans des secteurs informels de l’économie. les hommes sont privilégiés. Les secteurs les plus touchés par la crise vont procéder à un allègement au travers de la variable d’ajustement salariale. Les femmes seront en première ligne et seront les plus impactées. L’égalité homme femme n’est plus d’actualité.

Les prévisions annoncent à court terme la suppression de 400 millions d’emplois dans le monde. Les licenciements constatés concernent en majorité les femmes. Ceci s’explique par la représentation excédentaire des femmes dans les secteurs de la vente, de l’hôtellerie, du tourisme qui sont les secteurs affectés directement. Pour illustrer cette tendance, on constate aux USA, sur les trois derniers mois, une augmentation considérable du taux de chômage pour les femmes qui dépasse le taux enregistré pour les hommes. La tendance était à l’inverse avant la crise et on peut observer ce phénomène dans la majorité des pays du monde. Les femmes entrepreneurs qui sont à la tête de petites structures sont particulièrement exposées. En effet, 70% d’entre elles sont déjà en difficulté d’après les premières enquêtes réalisées et 40% redoutent de ne plus pouvoir payer les salaires dans un avenir proche.

Pour la première fois dans l’histoire économique moderne, nous sommes en train d’assister à un désastre : 600 millions à 1 milliard de personnes pourraient basculer dans la pauvreté et la majorité sera des femmes. Elles risquent beaucoup plus que les hommes de tomber ensuite dans l’extrême pauvreté puis dans l’insécurité alimentaire. Dans le monde et en France, une femme qui élève ses enfants seule est particulièrement vulnérable : un seul revenu pour la famille et charges domestiques de plus en plus coûteuses. Il est urgent et vital de prendre les bonnes mesures. Il faut élaborer de des plans de protection sociale réalistes et efficaces afin de soutenir les femmes. Il faut qu’elles participent à la planification des interventions et orientations économiques à venir.

Les femmes, les hommes de notre pays ont besoin d’égalité. Aujourd’hui, la crise en cours révèle avec encore plus de violence les inégalités antérieures face au licenciement. Notre devoir de citoyen et d’humain est de proposer un avenir juste et bienveillant pour toutes et tous. Les devoir des responsables politiques et économiques est de poser des actes sur ce besoin de justice. Il est plus que temps de nous respecter les uns les autres. »

Jean-Luc Ginder

[NDLR : on peut aussi observer que, de part le monde, les mesures pour lutter contre ces inégalités vont, sur une échelle de 1 à 10, de zéro à 8 ou 9. Les pays les plus pauvres sont ceux dans lesquels les droits des femmes sont les plus mésestimés. Certains pays occidentaux sont dans le haut du tableau, notamment en Europe (alors que les USA traînent des pieds), mais peuvent et doivent faire encore mieux. En France, on notera que le statut des fonctionnaires titulaires est un gage d’égalité salariale : à échelon et grade égal, hommes et femmes ont le même salaire. Reste qu’en ce qui concerne les avancements, il reste beaucoup à faire… L’article paru dans Wikipedia donne un tableau assez complet de la situation, ici