À propos de la ventilation et son rôle pour la sécurité sanitaire des bâtiments...

À l’heure de la réouverture des établissements accueillant du public, le risque épidémique reste présent. Si les Français ont majoritairement adopté depuis plus d’un an de bons réflexes pour se prémunir contre le virus – masque, gel hydroalcoolique, gestes barrières... – la question de l’hygiène et de la sécurité sanitaire à l’intérieur des bâtiments reste un enjeu. Pour le Haut Conseil de la santé publique comme pour la communauté scientifique, la clé réside dans l’amélioration de la qualité de l’air intérieur, notamment grâce à la ventilation.




Serge Chalmandrier, responsable ingénierie solutions de ventilation « Kingspan Light + Air » fait le point sur la qualité de l’air intérieur et pourquoi elle joue un rôle central pour la sécurité sanitaire des bâtiments :

- Quels sont les facteurs de risques de propagation en intérieur ?

« Même en dehors du contexte de confinement, nous passons en moyenne au quotidien 80% de notre temps à l’intérieur des bâtiments (logement, bureaux, écoles, commerces, lieux culturels...). Or, la pollution intérieure est 10 fois plus importante que la pollution extérieure (occupants, bactéries, équipements, sol...). Aussi, dans un espace clos, la charge virale augmente au fil des heures et les risques de contamination sont plus importants. En intérieur, le risque de contamination serait exactement le même que l'on soit à 1,8 mètre ou à 18 mètres. La transmission s’effectue lorsque les gouttelettes contaminées se mélangent à l’air ambiant et… voyagent dans la pièce. »

- Quel indicateur surveiller pour s’assurer que l’air intérieur est « bon » ? Et quelles conséquences un air dégradé a sur le bien-être des occupants ?

« Le taux de CO2 est un indice incontournable de la qualité de l’air intérieur. Ce taux de concentration de CO2 est généré par la respiration des occupants. Lorsque ce taux de CO2 est important cela indique que le renouvellement de l’air est insuffisant. L’air est vicié. La pollution intérieure se concentre et augmente. Un taux de CO2 élevé augmente un déficit de la concentration, une baisse des performances, du bien-être et de la productivité. » 

- Quid de la température et de l’humidité, quels sont les seuils à respecter pour lutter contre la propagation du virus ?

« La température réduit le risque de contamination car les gouttelettes contaminées s’évaporent plus rapidement quand il fait chaud. La chaleur ne tue pas le virus mais ralentit sa progression. L’humidité réduit également la contamination : l’humidité dans l’air augmente le poids des gouttelettes contaminées et chutent au sol plus rapidement. Le MIT préconise une température supérieure à 20°C et un taux d’humidité inférieur à 60%. »

- Quelles recommandations officielles pour bien ventiler un espace clos ?

« Dans l’air, la durée de vie du Covid-19 est de 3 heures (particules fines, micro gouttelettes). Pour lutter contre la propagation des virus, il est primordial de ventiler l’air naturellement, de 5 à 10 minutes, à raison de 5 fois par jour, aussi bien en été qu’en hiver. Pourquoi ? En hiver, le chauffage réduit le taux d’humidité, et plus l’air est sec, plus le risque de contamination augmente. »

- Y a-t-il une différence entre aération et ventilation naturelle 

« L’aération permet de renouveler brièvement une certaine quantité d’air en ouvrant les portes et fenêtres pour créer un flux d’air et évacuer l’air vicié. La ventilation, elle, renouvelle en permanence l’air intérieur. La ventilation est dite naturelle quand le système installé dans le bâtiment utilise les forces motrices naturelles que sont le tirage thermique et le vent pour extraire l'air vicié des locaux et apporter l'air neuf de l'extérieur. »