Coronavirus. Jean Leonetti : entre banalisation et comptabilité morbides...
« Peur du virus ou virus de la peur ? » titrait LCI. Le maire d’Antibes Juan-les-Pins, généraliste apporte lui son analyse sur la façon de communiquer et de traiter le sujet. En guise de plaidoirie pour un retour à la normale et à la dignité dans la mort.
La mort comptabilisée et confinée
Tous les soirs on nous communique le nombre de morts à la suite de la pandémie COVID-19 dans notre pays. Même si le suivi de la courbe des décès est évidemment utile pour suivre l’évolution de la maladie, il y a dans cette comptabilité quotidienne une forme d’indifférence et d’inhumanité.
La mort comptabilisée s’invite, inquiétante et banale, dans la brutalité d’une société médiatique et se résume à un graphique sur une échelle logarithmique.
On n’en oublierait presque quelques évidences : La mort fait partie du quotidien de tous les groupes humains. Les Français meurent encore le plus souvent d’autres causes (maladies cardiovasculaires, cancers, accidents...). La grippe hivernale, malgré l’efficacité de la vaccination entraîne chaque année le décès de milliers de nos concitoyens. Et surtout la maladie évolue favorablement dans 95 a 99% des cas.
Les dizaines de milliers de morts dont on ne fait qu’un comptage global annuel font partie de ces morts prévisibles et acceptées, car elles laissent une place à la volonté de nos choix de vie. En revanche, la mort survenant au cours d’une épidémie semble frapper aveuglément et presque injustement. Mais la mort n’est-elle pas toujours injuste et aveugle ? La mort due au Covid19 est aussi une mort confinée non accompagnée par les proches, ni avant, ni après le décès : c’est une mort solitaire au deuil escamoté. C’est une mort numériquement publique et humainement cachée.
Dans le « monde d’après » on ne nous fournira plus le nombre quotidien de décès. Nous ne serons pas pour autant libérés de notre « finitude ». Nous repenserons alors la mort de chaque personne et nous aurons peut-être mieux compris l’importance de l’accompagnement de la fin de vie et de pouvoir à nouveau se dire « au revoir ».
[NDLR : on peut tout à fait comprendre la démarche de Jean Leonetti. D’un côté il relativise la mise en scène de la comptabilisation des malades et de l’autre, dénonce les conséquences du confinement sur les personnes en fin de vie et leur famille. Mais, il reste bien des inconnues qui inquiètent à juste titre le public et les autorités. Comme la durée de ce virus et ses singularités. S’il peut ressembler sur certains aspects à une grosse grippe, son traitement mobilise beaucoup plus de matériel et de personnel médical. D’ailleurs, si le taux de guérison est élevé, c’est justement à cause de l’importance de cet effort logistique et sans nul doute de l’impact du confinement sur une partie de la population, celle qui s’y astreint. Inquiétant aussi, la capacité du virus à se réactiver sur des personnes guéries. D’autre part, cette relativisation ne risque-t-elle pas de rassurer trop vite un public prompt à baisser la garde ?]