Marseille : Les Calanques, un espace protégé.
Pas si sûr...
Il y a cinquante ans le commandant Cousteau et ses camarades de jeu découvraient les beautés des fonds marins autour de Marseille, avec un masque et des palmes d’abord puis ce fut l’invention de la plongée avec bouteille. Ils ne savaient pas qu’ils participaient activement à la disparition de nombreuses espèces marines en les rendant accessibles à de simples plongeurs/chasseurs. Ils découvraient aussi l’existence du grand émissaire, principal tuyau qui déversait les égouts de la ville de Marseille en mer, dans la... calanque de Cortiou.

- Les Calanques marseillaises : espace précieux en équilibre précaire -
Les équipiers du commandant sont venus
régulièrement mesurer l’étendu des dégâts de ce grand fleuve de merdes et
d’autres joyeusetés de même acabit. Sur les fonds marins des hectares de désert
et pas d’embellie en vue... Bon an, mal an, des centaines de millions de m3 continuent à se déverser
en mer au grand plaisir de nombreux poissons qui viennent se nourrir de
matières organiques facilement disponible faisant abstraction de tout ce qui
passe à travers la station d’épuration : métaux lourds, pesticides, raticides, médicaments divers et variés.
Plus à l’est, aux
portes de Cassis, la pression environnementale est elle aussi d’actualité. En effet,
les rejets toxiques issus de l’extraction et du traitement de la bauxite de
Gardanne sont rejetés en mer depuis 50 ans. Pour beaucoup de défendeurs de la nature, une
situation légale très insatisfaisante. À la veille de l’expiration de l’autorisation de ses rejets de boues
rouges, on pouvait penser que, celle-ci ne serait pas renouvelée. Les Ecolos y
croyaient, arguant que la donne avait changé. 
Car depuis, les Calanques, sont devenues (non
sans mal) un Parc national, avec un certain nombre de contraintes et
d’interdits censés mieux protéger un site superbe et irremplaçable. Quelle ne
fut pas l’étonnement de ceux qui suivent le dossier, notamment France Nature
environnement, d’apprendre que le Parc National des Calanques avait rendu un
avis favorable à la demande de Altéo (anciennement Pechiney et Rio Tinto) qui
souhaite continuer à rejeter des déchets toxiques au cœur du parc marin. Si la
donne a changé il semble que les méthodes d’extraction du minerai sont restées
les mêmes toutes aussi dommageables pour la faune et la flore marines lorsque les
effluents sont rejetés en mer. 
On ajoute toujours de la soude caustique à la bauxite pour en extraire de
l’oxyde d’aluminium (alumine). Émetteur de gaz à effet de serre et très gros
consommateur d’énergie, ce procédé  produit également beaucoup de déchets
toxiques, chargés en métaux lourds (arsenic, chrome, et mercure notamment).
Depuis cinquante ans, des boues rouges, composées d’eau et de ces déchets
toxiques, ont été ainsi déversées par plus de 
Et d’enfoncer le clou sur le dossier chaud
chaud. Ils accusent les responsables de ne pas en avoir fait assez pour
répondre aux engagements formalisés par la signature en 1976 - c’est à dire, il
y a 19 ans - de la Convention de
Barcelone sur la protection de la Méditerranée. De plus, en 1996, la France avait
engagé la société Pechiney (alors exploitante) dans un processus de diminution
des rejets en mer… jusqu’à leur cessation au 
Interpellée sur cette prolongation à venir, la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, déclarait qu’elle n’accorderait pas de dérogation. Dans un tweet, elle relativisait la décision du Conseil d’administration du Parc des Calanques et affirmait qu’elle ne donnerait pas son accord en l’état. En attendant, l’état de la mer est toujours à risque !