Le Musée Bonnard a déjà fait grande... impression.
Les ruelles étroites du Cannet historique semblaient abandonnées en cette matinée du samedi 25 juin. Les gendarmes en képi aidaient à cette désertion subite en dirigeant les véhicules du centre cannetan vers le haut de Cannes. Un grand show !
Au milieu de ce Sahara urbain, le boulevard Sadi Carnot faisait preuve d’exception culturelle et pour cause. Cette voie qui longe la Mairie avait revêtu ses habits de fête entre le porche métropolitain et les voitures d’époque pour célébrer son enfant revenu au pays. Pierre Bonnard, azuréen dans les années 30, n’aurait pas été dépaysé par ces animations d’un autre âge. Les habitants de cette belle époque, lavandières, curé, épicier, accouraient pour la reconversion de l’Hôtel Saint-Vianney en pinacothèque. Ces personnages d’antan n’étaient pas les seuls à se photographier devant le bâtiment drapé en attente de l’inauguration solennelle. Quelques milliers de personnes se pressaient sur le parvis en pierre en attendant les célébrités de la journée, appareils photo ou téléphones nouvelle génération à la main. Les élus de la ville, l’ancien ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres et les directrices des musées de France et d’Orsay se promenaient, au loin, devant les murs pavoisés de la mairie. Quelques personnalités se fondaient dans la masse avec une facilité déconcertante mais avaient les honneurs des applaudissements comme l’ancien directeur de France Télévisions, Patrick de Carolis.
Vers 11 heures, la foule se concentrait, s’entassait, s’étouffait, pour apercevoir le président de France Télévision, Remi Pflimlin ou le ministre de la culture et de la communication. Frédéric Mitterrand, accompagné du député-maire du Cannet, Michèle Tabarot, provoquait l’émeute et le crépitement des flashs numériques. Sitôt le dévoilement du musée mi moderne mi traditionnel effectué, quelques spectateurs agacés par la chaleur incommodante ne portaient plus grande attention aux discours officiels quitte à soulever des remous dans la foule volontiers attentive. Michèle Tabarot avait pourtant rassemblé toutes les informations locales sur le peintre pour intéresser les invités, allant même jusqu’à comparer Le Cannet pour Bonnard avec Aix en Provence, Nice et même Giverny pour Cézanne, Matisse et Monet. Le Ministre de la Culture, après avoir félicité l’élue par un sympathique : « Bravo Michèle ! », se lançait dans un discours historique, ressuscitant les plus belles heures de son émission « Étoiles et toiles ». Alors que les officiels se frayaient un chemin pour visiter en avant première le musée si convoité, les spectateurs découragés par l’affluence se passaient le mot pour revenir dans la semaine. Les plus impatients, pour leur part, filaient près du buffet pour savourer la nourriture terrestre avant la spirituelle !
Solène Lanza
- Michéle Tabarot et Frédéric Mitterrand, mitraillés par les… téléphones cellulaires.