Cannes : Brochand et Lisnard passent en force

Philippe Tabarot sauve les meubles… et prend date.

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En quelques mois Bernard Brochand a renversé la tendance et fait mentir la rumeur qui le disait impopulaire. Il est devenu ces dernières semaines, présent, omniprésent, serrant mille mains, assistant à tous les conseils d’administration associatifs possibles et inimaginables, décorant à tour de bras, inaugurant ici, coupant des rubans là … La recette était bonne et certes, il n’est pas le seul à l’appliquer. Mais, disons, il avait tardé à le faire, comme s’il avait oublié que pour vendre un produit, il fallait en faire la "pub".

Il était temps car l’ex-grand patron, pour garder sa mairie fut obligé de passer « en force » - une spécialité de la maison. Son futur premier adjoint, David Lisnard, a eu plus de mal à arracher à Jacqueline Héricord sa place au Conseil général des Alpes-Maritimes. Il possédait, au premier tour, une confortable avance de dix points. Elle lui a permis de résister à la remontée spectaculaire de la conseillère sortante qui peut partir la tête haute, elle qui n’a pas bénéficié de la logistique fournie par l’équipe municipale, fortement mobilisée à cette occasion.

Philippe Tabarot sauve l’essentiel, lui qui pouvait tout perdre sur ce coup là. Il conserve son mandat de conseiller général sur Cannes-Centre. Une belle performance si l’on tient compte du cadeau de Jean Martinez fait à Christophe Santelli-Estrany, en ne se présentant pas au second tour… et à l’appui ostentatoire du député-maire.

Son score est plus que respectable et il peut se vanter – lui qu’on accuse toujours d’être trop jeune et de n’avoir que… 19 ans d’expérience politique – d’avoir fait trembler la forteresse Brochand ; d’avoir forcé le député-maire sortant à un deuxième tour et de l’avoir obligé à puiser dans ses réserves. Nul doute que le prochain affrontement opposera Philippe à David.

L’investiture ? Balayée. On aura tout vu ici. Un maire sortant investi par l’UMP, soutenant deux adjoints en dissidence dont un en compétition avec une élue investie… Jusqu’au secrétaire-général de l’UMP, Patrick Devedjian, visitant Bernard Brochand à l’occasion du MIPIM, surpris devant l’objectif du photographe, avec deux candidats en congé de l’UMP…

Le temps des commentaires est venu, des interrogations aussi. Et pour cela rien ne presse. Comment Bernard Brochand va-t-il interpréter ses résultats ? Comment va-t-il en tenir compte ? Comment va-t-il pratiquer l’ouverture prônée par Nicolas Sarkozy ? Car s’il faut parler d’ouverture, il ne s’agit pas ici de donner quelques postes à d’anciens opposants mais de tenir compte de la « vox populi ». Sur les 29 875 voix exprimées, 17 705 allèrent vers Philippe Tabarot, Apolline Crapiz et Jean Martinez, soit à eux trois, 59,30 % des suffrages… Ce scrutin ne fut pas, loin de là, un plébiscite, et ce qui est le plus inquiétant pour le maire, c’est que l’adversité la plus active venait de son propre camp, la droite départementale.

Comme le faisait remarquer Jean-Pierre Largillet dans son analyse post-électorale : « Bernard Brochand l'emporte avec 40,70%. Mais au vu du score de son principal challenger Philippe Tabarot, il doit se dire qu'il a eu chaud. Très chaud. Et que si la fusion de la liste Tabarot s'était faite avec celle de Jean Martinez (deux tendances relativement proches) ce n'était vraisemblablement pas lui qui aurait fini en tête ». Lire ici l’article.

Pour Bernard Brochand sa réélection est une réussite, il ne faut pas hésiter à l’écrire ; combien de candidats gagnent avec encore moins de voix d’écart. Pour ses opposants ce n’est pas forcément un échec. Ils l’ont empêché de réaliser le grand chelem et l’enjeu de l’intercommunalité reste entièrement ouvert.

  • Nous avions prédit une différence de moins de 2,62 % (voir article lié plus bas) entre Bernard Brochand et Philippe Tabarot, en faveur du premier. Nous n’avions pas, au moment de nos calculs, eu connaissance de la désaffection d’une partie de l’équipe de Philippe Buerch vers le maire sortant. Nous serions tombés, « pile-poil » sur les 3,68 % qui les ont séparés… n’en déplaisent aux taquins.