- le village de Baie Johan Beetz, anciennement Piastre Baie -

- le Château...

L’un des plus jolis villages de la Côte Nord, Baie Johan Beetz (100 habitants), a une belle histoire, celle de Johan Beetz (1894-1949). En bref : ce monsieur Beetz était un aristocrate, médecin, naturaliste, peintre, illustrateur et homme d’affaires Belge. Il établit sa résidence à Piastre-Baie en 1897. La même année sa fiancée décède d’une pneumonie. Finalement, il épouse une fille du village. Et y fait construire une grande maison (classée immeuble patrimonial) sur le modèle de son château d’enfance en Belgique. Les villageois appellent cette maison « Le Château » qui domine encore aujourd’hui au centre du village. Aucune visite n’est possible à ce jour mais, par le plus grand des hasards, nous avons croisé le locataire de la maison qui a gentiment accepter que nous la visitions. Les meubles et la vaisselle et antique font toujours partie de la maison. Rien ne semble avoir été retouché ou rénové. 

Durant la grippe espagnol de 1918, ce Dr Beetz s’est distingué en prenant l’initiative de « mettre en quarantaine » l’ensemble des citoyens du village. Grâce à quoi, le village fut le seul de la Côte Nord et l’un des rares au Canada, à avoir été épargné par cette terrible pandémie. Pour ma petite histoire personnelle le fameux docteur et sa famille s’établirent  à ville de Saint-Laurent, mon village natal…

- la marina de Havre Saint-Pierre -

- au loin sur le quai, l’Ilménite a été déversé sous la rampe du train -

Havre-Saint-Pierre est un village côtier touristique dont la population de de 3 340 âmes. Régulièrement, des paquebots et des navires de croisière internationaux viennent s’y accoster. Tout près, il y a une mine d’ilménite, un minéral composé principalement d’oxyde de Fer et de Titane (titre d’une chanson de Gilles Vigneault). Sur le quai, nous apercevons des wagons stationnés qui transportent et déversent ce précieux minerai. Cette industrie minière procure de nombreux emplois. En plusieurs endroits le sable des plages prend la couleur du minerai : le noir. Bien sûr, il y a une industrie de la pêche qui tient une place très importante.

Nous avions entendu parler du très populaire restaurant « Chez Julie », spécialisé en poissons et fruits de mer. Il ne nous a pas déçu… Nous sommes ensuite aller visiter la Maison de la culture Roland Jomphe. Le bâtiment est un ancien magasin général de La Compagnie de la Baie d’Hudson converti en centre d’interprétation. Encore une belle rencontre avec Daniel, notre guide enthousiaste. Avec une façon bien personnelle, il nous a parlé de l’histoire de Havre-Saint-Pierre, de 1857 à aujourd’hui. Il nous a parlé de ses origines « cayennes », dont il est fier, comme tous les habitants ici qui revendiquent leurs origines acadiennes qui remontent aux premiers colons français en Amérique.

Ce mardi matin, sous une pluie fine, nous sommes arrivés à Natashquan (260 habitants). En innu, cela signifie « là où l’on chasse l’ours ». Lorsqu’on voyage jusque là, ce n’est pas innocent. C’est pour rendre hommage à Gilles Vigneault, poète, auteur, compositeur, interprète, conteur. C’est ici que naquit le petit Gilles. Devenu le grand Vigneault, il écrivit des chansons inspirées par la vie de son petit village du bout de sa province chérie. Nous nous sommes promenés dans les petites rues pour découvrir cet endroit dont nous entendions parler depuis notre enfance. Bien sûr que Monsieur Vigneault y est pour beaucoup. Il a été une telle source d’inspiration pour les Québécois auxquels il aura contribué à donner confiance en eux ainsi qu’à reconnaître le caractère unique de leur culture francophone.

Sur notre chemin nous avons aperçu sa maison d’enfance, les petites cabanes qui servaient aux pêcheurs de morue (sur la trentaine, il n’en reste maintenant qu’une dizaine) ; aussi la maison à Saint-Dilon qui fait partie de son patrimoine musical. Nous sommes ensuite rendus à la « Vieille École » où Gilles Vigneault y a étudié jusqu’à l’âge de quatorze ans. Devenu un musée hommage à son passage ici, Claude et moi y avons fait connaissance avec sa cousine Evelyne Landry, qui, avec son merveilleux accent, nous a raconté le lien entre les chansons de Gilles et les anciens du village. Ses plus belles chansons, ne le sont-elles pas toutes d’ailleurs, résonneront à jamais dans notre mémoire : Les gens de mon pays (considérée comme l’hymne national non officiel du Québec) - Jack Monoloy - La Manikoutai - Mon pays (c’est l’hiver) - Le doux chagrin - Combien de fois faut-il parler d’amour - Si les bateaux… 

Gens de mon pays

Je vous entends rêver
Douce comme rivière
Je vous entends claquer
Comme voile du large
Je vous entends gronder
Comme chute en montagne
Je vous entends rouler
Comme baril de poudre
Je vous entends monter
Comme grain de quatre heures
Je vous entends cogner
Comme mer en falaise
Je vous entends passer
Comme glace en débâcle
Je vous entends demain
Parler de liberté

- pancartes du bout... ou pas -

Kégaska, population 124. C’est le dernier village sur la Côte Nord où l’on peut accéder par la route. Les villages suivants utilisent le transport par bateaux. Blanc-Sablon, 400 km plus à l’Est, est le dernier village de la Côte Nord. Ce village est l’ultime destination pour beaucoup de voyageurs. Pourquoi? Parce que c’est la fin de la route 138 Est. C’est comme une attraction, les gens désirent prendre une photo pour fixer le moment. Le 25 août dernier, nous avons voulu faire la même chose. À notre grande surprise, les pancartes avaient disparus. Nous avons appris, plus tard qu’elles avaient été volées la veille de notre visite. Lors de notre retour, partout où l’on passait, tout le monde en riait… ou pas. 

Clap de fin... en attendant que naissent de nouveaux projets gages de nouvelles aventures...

Textes et photos © Anne-Marie Thomas

Récapitulation des étapes

La Malbaie *
Portneuf-sur-Mer *
Forestville
Pointe-Lebel  *
Baie-Comeau
Baie-Trinité *
Sept-Iles
Rivière-Moisie *
Rivière-au-Tonerre
Longue-Pointe-de-Mingan *
Archipel-de-Mingan
Havre-Saint-Pierre
Baie-Johan-Beetz
Natashquan *
Kégaska

* arrêt camping