Le vieux Nice. Portes ouvertes
et fermées aussi…
« Opération portes ouvertes », « Écouter aux portes », « Prendre la porte », « Frapper à la mauvaise porte », « Enfoncer des portes ouvertes »... voici un petit florilège d’expressions dont la porte est le sujet. Mais quelle place occupe cet objet du quotidien dans nos sociétés ? Quelle signification les femmes et les hommes lui ont-ils donnée ? C’est implicitement le sujet de l’exposition qui présente 26 dessins de portes du Vieux-Nice réalisés à l’encre de Chine par l’artiste-peintre Géraldine Sadlier. Elle est complétée par des photographies contemporaines de Laurent Costantini, photographe, qui ont été commandées par l’artiste Géraldine Sadlier pour faire écho à ses œuvres. Enfin des vitrines exposent des pièces de serrurerie prêtées par Jean-Paul Léo, dernier ferronnier du Vieux-Nice.
Les portes du Vieux-Nice sont bavardes et racontent des histoires à ceux qui prennent le temps de les écouter. C’est ainsi que les linteaux des portes affichent souvent des dates et des initiales. Les dates indiquent l'année de construction ou de rénovation ; les initiales représentent généralement les propriétaires. Certaines portes portent des inscriptions plus longues, souvent en latin, qui peuvent indiquer des fondations ou des événements historiques. Enfin, des plaques commémoratives honorent des personnalités ayant vécu dans les bâtiments. Dater, nommer, informer, honorer... les portes du Vieux-Nice sont de véritables témoins de l'histoire, portant des messages parfois opaques pour nous mais clairs pour les Niçois d'autrefois.
La porte permet l'entrée des personnes autorisées et empêche l'intrusion des individus non désirés. C’est ainsi qu’elle apporte une protection physique, généralement assurée par des vantaux en bois ou en fer, et/ou une protection symbolique avec des caractères religieux. Les portes du Vieux-Nice sont donc des barrières physiques et/ou des symboles de protection divine, témoignant de l'histoire et des croyances des habitants.
L'urbanisme et l'architecture du Vieux-Nice démontrent une gestion ingénieuse de la ventilation naturelle, assurant confort et salubrité aux habitants. L'imposte, située au-dessus de la porte, les persiennes « à la niçoise », les caves, les verrières et même la cascade du parc de la colline du Château, créée en 1885, contribuent au renouvellement de l'air frais au sein des habitations.
Les portes du Vieux-Nice sont souvent encadrées de belles pierres taillées et sculptées, indiquant l'aisance du propriétaire. Les claveaux de briques suivant l'arc de l'imposte ajoutent également au décor. Qu’elles soient baroques ou classiques, les portes témoignent de l'histoire et de l'évolution des styles architecturaux de la ville. A découvrir : le style baroque, le style classique, les décorations du XIXe siècle et les techniques de construction des portes.
Les portes des villes marquaient la transition entre deux espaces différents et ont joué un rôle crucial dans la défense de Nice avant que la sécurité intérieure ne soit assurée. Elles délimitaient également les zones de juridiction communale distinctes des faubourgs. Ces passages dans la ville démontrent les évolutions urbaines et défensives de la cité. Les entrées varient selon la taille de la parcelle, le type d'habitat et les évolutions architecturales. Couloirs, vestibules, escaliers, plafonds et sols montrent une grande diversité architecturale, reflétant l'histoire et le statut social des habitants.
- Géraldine Sadlier est née à Limerick, en Irlande. Formée au Salesian Convent Fernbank, elle est diplômée de la Limerick School of Art and Design. Elle travaille en extérieur dans la région de Nice où elle vit depuis trente ans. Échoppes, boutiques, vitrines, façades, paysages... elle immortalise les choses qu’on ne regarde pas assez à l’aquarelle, pour sublimer les teintes et les couleurs, et à l’encre de Chine, pour souligner les détails architecturaux. Ses œuvres témoignent de l’ambiance azuréenne et du quotidien ordinaire. Ses peintures et ses dessins ont été exposés en France et en Irlande. Ils sont présentés, toute l’année, dans sa galerie située au 5 place Saint-François dans le Vieux-Nice.