Les SUV, symbole de notre boulimie…
autoroutière.
Citius, Altius, Fortius, toujours plus gros, toujours plus longs, toujours plus puissants et accessoirement toujours plus chers !
- évolution entre 2003 et 2023 selon Agir pour l’environnement -
Inadaptés à un usage urbain, les SUV ont pourtant envahi les rues de nos villes. En vingt ans, le nombre de SUV vendus a dépassé les 40 %, normalisant le recours à des véhicules lourds, longs, hauts, larges et puissants : la vitesse de pointe est passée de 178,6 km/h à 204,9 km/h, les automobiles ont vu leur poids moyen croître de 325,2 kg pour atteindre 1 438 kg.
Pourtant, dans un sondage IFOP commandé par Agir pour l'environnement :
- seuls 20 % des personnes interrogées affirment privilégier la puissance et la rapidité d’un véhicule à l’occasion d’un achat,
- 71 % estiment que les voitures ne devraient pas avoir le pouvoir d’atteindre techniquement une vitesse de 206 km/h,
- et moins d’un tiers (31 %) considèrent l’augmentation du poids des véhicules comme nécessaire pour améliorer la sécurité et le confort.
Ce constat met en évidence des tendances stimulées par des campagnes publicitaires massives et quotidiennes, soutenues par l’industrie automobile, sous, le regard complice des gouvernements successifs. Et ce, alors même que plusieurs études ont démontré la dangerosité des SUV pour les autres usagers de la route.
Avec un poids de plus de 2 tonnes, la Tesla Y est le véhicule le plus lourd sélectionné parmi les 25 automobiles les plus vendues en France en 2023. La Tesla Modèle 3 et la Tesla Modèle Y sont également les deux véhicules les plus rapides dépassant largement les 230 km/h et dont l’accélération est la plus importante. En moyenne, entre 2003 et 2023, la longueur des véhicules a augmenté de 16,38 %, la largeur de 18,24 % et la hauteur de 17,36 %. Parallèlement, la moyenne du poids à vide des 25 véhicules les plus vendus en 2003 et en 2023 a connu une hausse de 29,32 % et la vitesse de pointe de 14,73%. Ces changements ont des implications directes sur la sécurité routière, la consommation d’énergie, la quantité de particules fines et ultrafines émises, et les ressources en métaux critiques utilisés.
L’embonpoint qui frappe le parc automobile soulève des questions sur la pertinence de cette course à la taille et à la performance, tant pour les consommateurs que pour l’environnement. Ainsi, 58 % des Français disent vouloir favoriser les véhicules dont l’impact écologique serait limité et 71 % affirment que les véhicules ne devraient pas pouvoir atteindre des vitesses qui ne sont pas autorisées.
Suite à cette enquête, l’association « Agir pour l’environnement » suggère un certain nombre de mesures, notamment :
- le renforcement de la taxation malus en fonction du poids des véhicules, ce qui aurait pour effet de dissuader la production et l'achat de véhicules surdimensionnés ;
- l’élargissement des critères d'éligibilité pour les primes à l'achat de véhicules écologiques, en incluant des incitations spécifiques pour les modèles qui respectent des limites de poids et de dimensions, tandis que les véhicules légers et compacts seraient favorisés par des réductions de prix substantielles pour encourager leur adoption ;
- la mise en place des normes de consommation d'énergie qui tiennent compte non seulement des émissions de CO2 mais aussi du poids et des dimensions des véhicules. Cela encouragerait les fabricants à concevoir des véhicules plus sobres en énergie, en intégrant des mécanismes d'évaluation précis lors de la mise sur le marché ;
- le renforcement des investissements dans les infrastructures de transports en commun et les solutions de mobilité alternative, comme les pistes cyclables et les systèmes de partage de véhicules. Cela permettrait de réduire la dépendance à la voiture individuelle et de promouvoir des modes de transport plus durables ;
- l’ajustement des tarifs d’assurance et de péages déterminés en fonction de variables telles que le poids, la vitesse, la longueur, la hauteur et la largeur des véhicules ;
- l’encouragement d’un grand programme européen afin de développer une stratégie de production de véhicules pour 2030, ne dépassant pas 750 kg et une vitesse maximale de 150 km/h ;
- l’extension au niveau européen du principe appliqué en France de limiter la vitesse maximale autorisée pour les véhicules commercialisés.