La cigarette ne fait plus recette…

Les recettes fiscales liées au tabac sont en forte baisse. Pour lutter contre le déficit budgétaire, faudrait-il se remettre à fumer pour le combler ? C’est plus ou moins ce que laisseraient tendre les responsables de la Seita.



A l’occasion de l’audition des ministres Bruno Le Maire et Thomas Cazenave par la commission des Finances de l’Assemblée nationale, le débat a notamment porté sur la chute inattendue des recettes fiscales contrairement aux prévisions de l’État. 

En juillet dernier, le ministère de l’Économie a admis par voie de presse que les recettes fiscales issues de la vente de tabac allaient une nouvelle fois être plus faibles que celles prévues par la Sécurité sociale en début d’année. Quatre cents millions d’euros vont manquer dans les caisses de l’État en raison de la diminution des ventes de cigarettes. 

Et cette diminution des ventes est un trompe-l’œil. En effet, selon les Douanes, la vente légale de cigarettes a diminué de 13,30 % au cours des 12 derniers mois (août 2024 - août 2023). De son côté, selon les dernières données publiques de Santé Publique France, 31,8% des adultes en France fument (ils étaient 31,9% en 2017) et consomment en moyenne 12,6 cigarettes/jour (12,5 cigarettes/ jour en 2019). 

Fort de constat, Romain Laroche, Président d’Imperial Brands-Seita, en conclut : « Les ventes de cigarettes chez les buralistes diminuent mais il y a toujours autant de fumeurs et leur consommation demeure stable. L’équation ne fonctionne pas ! Pourtant, nous avons la réponse sous les yeux : selon la dernière étude KPMG, 43,2% du tabac consommé en France en 2023 ne provient pas du réseau des buralistes (ce taux était de 39,7% en 2022 et de 24,6% en 2017). Cela représente près de 22 milliards de cigarettes non achetées dans les bureaux de tabac, soit plus de 7 milliards d’euros, l’équivalent du budget des ministères de la Culture et de la ... Santé réunis ! Conclusion : les hausses successives de la fiscalité sur les produits du tabac poussent les fumeurs à quitter le réseau des buralistes pour s’approvisionner sur le marché parallèle. Cette stratégie fiscale n’incite pas les fumeurs à cesser leur consommation. Tout le monde est perdant : l’État, les buralistes, les fabricants et les fumeurs. »

Lorsque la consommation baisse, ce qui est l’objectif présumé, il y a quand même des gagnants, notamment les membres de la famille des fumeurs, victimes collatérales, les plages et la mer plus propres... Quant à la Sécurité sociale et à son trou, la diminution des frais considérables liés aux traitements des cancers provoqués par le tabac, elle devrait se réjouir de toute diminution de la consommation du tabac.

Dans le même ordre de raisonnement, faudrait-il jouer encore davantage aux jeux d’argent pour que la Française des Jeux engrange des sommes colossales, sans penser aux effets délétères pour les petits joueurs et leurs familles ? L’absurditland a encore de beaux jours devant lui...