Un assureur mutualiste s’engage pour les forêts…

En juin 2022, le fonds MAIF Forêts signait sa première acquisition, une parcelle de 900 hectares en forêt de Scévolles :


- photo (c) PCA -


Une barrière bloque l’entrée aux véhicules non autorisés. Hors période de chasse, on peut passer à pied ou à vélo à condition de rester sur les chemins tracés. « C’est une question de sécurité, la MAIF serait responsable en cas d’accident » , précise Clément Roche. De part et d’autre de l’allée rectiligne, les chênes pédonculés se succèdent à perte de vue, accompagnés d’essences minoritaires : chênes sessiles, trembles, bouleaux, pins maritimes. Une matière vivante, mais pas sauvage. « Tout ce qui nous entoure est le fruit d’un long travail humain. Cette forêt existait bien avant nous, des générations de forestiers nous ont précédés pour arriver à ce résultat. » Comme nos ancêtres, il faudra se montrer patients : l’âge moyen des chênes en forêt de Scévolles est d’environ 120 ans. Au total, le gestionnaire, France Valley, a dénombré 68 000 m3 de bois d’œuvre et 107 300 stères de bois de chauffage sur la parcelle concernée, 900 ha soit l'équivalent d'un carré de 3 km de côté. Beaucoup de propriétaires seraient tentés d’en tirer un profit immédiat, la Maif prend le parti inverse : les coupes rases sont interdites.

« La forêt était beaucoup plus peuplée dans les temps anciens, quand le bois était le seul combustible à disposition pour se chauffer et cuisiner ». On y faisait même paître le bétail ! En 1346, l’ordonnance de Brunoy est l’une des premières lois de développement durable : elle stipule que les coupes de bois ne doivent pas nuire au bon état perpétuel de la forêt. Peine perdue ! La consommation de bois augmente tellement que les forêts françaises périclitent, au point qu’un programme de reforestation est ordonné au Second Empire. Plutôt que de replanter chênes et feuillus, beaucoup de propriétaires se tournent alors vers les résineux, qui offrent un meilleur rendement financier. C’est sur cet héritage que nous vivons aujourd’hui. La forêt couvre un tiers du territoire national, mais sa qualité est inégale. L’enrésinement des parcelles, accusé d’appauvrir la biodiversité et d’acidifier les sols, est maintenant combattu à juste titre par les associations de défense de l’environnement.

Comme pour tous ses investissements, MAIF Forêts déploie à Scévolles une sylviculture dite « à couvert continu. »  À l’opposé de l’approche industrielle, c’est un travail quotidien pour faire gentiment évoluer la forêt. Les coupes sont effectuées sur des très petites surfaces. Le but est d’éliminer les sujets les moins bien conformés pour donner la possibilité aux sujets les plus intéressants de prendre de la valeur. Le défi principal, dans cette vision lointaine, sera l’adaptation de la forêt de Scévolles au réchauffement climatique. 

MAIF Forêts a également donné son aval à la création d’îlots de sénescence. « Ce sont des zones où l’on n’interviendra pas, la forêt retourne à une forme de tranquillité propice à la vie animale », commente Charles de Cointet de France Valley à qui a été confiée la gestion.