Marseille. A la Galerie Pentcheff un Bernard Buffet autrement...

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Quoique dédaigné par la critique de l'après-guerre (qui portait aux nues l'Abstraction), Bernard Buffet (1928-1999) a néanmoins connu un succès populaire rapide.


Il faut se souvenir que, dans les années 60, on donnait ses natures mortes à copier dans les écoles. Son style sec, anguleux, économe, l'a  rendu - insigne privilège - a peu près reconnaissable par tous. Chez Buffet le dessin, souvent surligné, est inséparable de la peinture. Et ses personnages prennent d'emblée une dimension allégorique. Autant de caractéristiques qui en font un grand peintre expressionniste et sans doute l'un des précurseurs de la figuration moderne. 

Puisant largement son inspiration dans la littérature (Dante, Cervantès, Jules Verne) et les arts du spectacle (il était aussi décorateur de théâtre), Bernard Buffet a, au cours de sa carrière, illustré tous les aspects de la condition humaine. Et chacune de ses séries a donné lieu à des expositions monographiques accueillies comme des événements. Vingt cinq ans après sa disparition, il ne se passe pas une année sans qu'on n'organise encore une exposition de ses œuvres dans le monde. Et sa cote se maintient encore à son meilleur niveau.  A l'instar de David, Courbet ou Géricault, ses grands aînés admirés, Bernard Buffet est devenu lui aussi un « classique » de notre époque.

A défaut de pouvoir se rendre  au musée d'art moderne de Fontevraud (Maine et Loire) pour l'exposition rétrospective Bernard Buffet médiéval et pop , ses admirateurs marseillais pourront le redécouvrir dans le cadre idyllique de la nouvelle galerie Pentcheff, pavillon de la Reine Jeanne. Là, face à la mer, sont accrochés une vingtaine de ses tableaux, soigneusement sélectionnés par son fils Nicolas. Pour la plupart ils ont été composés dans les années 90, soit durant la dernière décennie de l'existence du peintre. Tout en s'inscrivant dans le credo méditerranéen de la galerie, ils n'en offrent pas moins un panel condensé mais hautement significatif de son art. Des nus féminins, bien sûr (ici au nombre de trois), mais aussi les singes (trois aussi), les paysages marins (Egine, Ios, Mykonos, Saint-Tropez, Beaulieu) ou sylvestres (La Baume, les Baux de Provence). Et, en point d'orgue, le mythologique Ulysse et Athéna, d'un hiératisme saisissant - mais qui, lui, n'est pas à vendre.

Pour compléter cet élégant panorama, on pourra découvrir, dans l'annexe au sous-sol, une série de photos en noir et blanc montrant l'artiste dans son décor familier et familial, notamment avec Annabelle Schwob qui fut son épouse et sa muse dans les années 60. Reflets mélancoliques d'une époque qui fut sans nul doute bénie pour les arts.

  • Jusqu'au 28 septembre 2024 - tous renseignements à contact@galeriepentcheff.fr

Jacques Lucchesi