Le long terme sinon plus rien…
Cette assertion peut paraître évidente même pour des citoyens lambda peu calés en économie de marché. Le simple bon sens peut suffire pour mesurer les enjeux. La planète brûle quand elle ne se noie pas pendant que nos élus nous entraînent en guerre et dépensent nos ressources pour la gagner. Pourtant, il existe des solutions pour, au moins, atténuer les effets d’un changement climatique en partie inhérent à nos activités. Mais toutes, pour être ont un point commun : le long terme.
Le jeudi 11 juillet, Confrontations Europe a organisé dans les locaux de la Caisse des Dépôts et Consignations à l'Hôtel de Pomereu un échange autour de la présentation du rapport « Investir dans l’avenir - Mettre le long terme au cœur de nos décisions », qui synthétise les travaux de la commission présidée par Bernard Attali, Conseiller - Maître Honoraire à la Cour des Comptes. Il s’agit d’une continuation de son rapport Investir à long terme, urgence à court terme publié en 2022.
- photo Pascal Yuan, Caisse des Dépôts et Consignations -
« Aujourd’hui, nous faisons face à une tragédie des horizons. L’urgent l’emporte sur l’important or, les besoins de long terme sont colossaux en raison de la transition énergétique et de la souveraineté européenne », affirme Bernard Attali. Le rapport rappelle, à l’inverse, qu'une vision ouverte sur le temps long est désormais indispensable. La Commission propose une approche inédite en se positionnant du point de vue des acteurs, qu’ils soient citoyens, intermédiaires financiers et pouvoirs publics qui doivent tous adopter une perspective de long terme.
Trois enjeux européens nécessitent un investissement de long terme : le réchauffement climatique, le rétablissement et la préservation de la paix et l’organisation des économies en réponse à la fragmentation du monde, comme l’a souligné Eric Lombard, DG du Groupe Caisse des Dépôts. Le rapport plaide en faveur d’investissements massifs sur le long terme comme condition sine qua non du succès européen face à ces enjeux.
Cependant ces investissements fondamentaux nécessitent une évolution d’un modèle de financement qui a atteint ses limites. Il faut pouvoir mobiliser l’épargne qui, par une meilleure allocation, pourra répondre aux besoins européens pour une croissance de long terme et éviter ainsi que 300 milliards d’euros par an ne partent financer des projets américains.
Quelques pistes sont avancées dans le rapport parmi lesquelles la création d’un label européen pour des produits d’épargne investis en Europe, la mise en place de taux d’intérêt différenciés au refinancement des prêts bancaires alloués à la transition écologique ou encore le recours à des obligations européennes, grâce à un fédéralisme budgétaire européen accru.
Ce modèle financier suppose la mise en œuvre de garanties et la mobilisation d’investisseurs publics de long terme, afin de faciliter la prise de risque des investisseurs privés ; il nécessite aussi et surtout confiance et solidarité entre l'ensemble des acteurs, citoyens, intermédiaires financiers et pouvoirs publics.
- Confrontations Europe, think tank européen fondé en 1992 par Michel Rocard et Philippe Herzog, et la Caisse des Dépôts et Consignations, ont plusieurs fois réaffirmé leur engagement commun envers l’investissement de long terme. Ce fût principalement le cas à travers les sixièmes Assises du Long terme de février dernier au Parlement européen, conférences annuelles dédiées aux investissements de long terme en Europe, initiées par les deux structures. Créé en 1992 et basé à Paris et à Bruxelles, ce think tank contribue à la construction d’une Europe en mesure de relever les défis économiques, sociaux, environnementaux et démocratiques sans perdre de vue ses valeurs et son objectif d’Union des peuples européens. C’est un réseau de 30 000 acteurs européens avec +50 événements annuels, +500 publications en ligne et une revue trimestrielle, seule publication en français sur l’Union.