Marseille. Regards sur Jean Le Gac...
Dans le cadre de la célébration des 10 ans du Musée Regards de Provence et des 25 ans de la Fondation et Association Regards de Provence en 2023, l’exposition « Trilogie de Jean Le Gac » met a l’honneur l’une des figures majeures de l’art d’aujourd’hui, visible jusqu’au 19 novembre.
- Le Gac, Adieu -
Cette exposition révèle le travail singulier de Jean Le Gac au parcours étonnant de mise en résonance d’images, de photographies, de dessins, de peintures et de textes. L’utilisation permanente et concomitante de l’écriture et de l’image lui permet de nous entraîner dans son imaginaire poétique d’un éternel adolescent, dans ses voyages intérieurs, riches de pastels, de photographies, de traces de promenades réelles et irréelles, d’herbiers, et de plantes. Le Gac nous transporte dans un univers décalé par les histoires qu’il raconte et la forme insolite qu’il leur confère. Ses œuvres nous plongent dans la diversité de ses regards sur la société, ses rencontres, ses méditations, sa fantaisie, ses allers-retours entre le visible et le non visible.
Pour le critique d’art Robert Bonaccorsi : « Le Gac entend donner une forme de survie à l’adolescence, sinon d’éternité, identique à celle qu’il confère aux images mineures incarnées par la photographie amateure ou les illustrations d’ouvrages rapportés du grenier. Qu’il se glisse dans la peau d’un archéologue, d’un chasseur de fauves en Afrique, d’un naufragé sur une île déserte, qu’il endosse le rôle d’un pilote de bi-plane, se compose un personnage de Zorro apte à faire dérailler un train avant qu’il ne l’atteigne ou se déguise en détective déguisé en peintre, il ne cesse de ranimer la grâce d’un âge pratiquement ignoré de l’histoire de l’art dont les activités, toujours secrètes et vaguement dissidentes, ne se déroulent qu’en pensée, sur une autre scène.
L’œuvre Adieu Marseille (1998) représente deux marins occupés à repeindre la coque d’une barque amarrée dans le Vieux-Port devant Notre-Dame de la Garde. La toile est la reproduction agrandie d’une photographie figurant sur une carte postale - autrement dit une illustration parmi les plus discréditées des beaux-arts.
Comme Picabia dont les œuvres s’inspirent d’images existantes - dessins de moteurs ou d’appareils photos parus dans des revues spécialisées, par exemple -, Jean Le Gac a la conviction que l’art ne peut se renouveler qu’en puisant à d’autres sources que lui-même…. Depuis toujours, l’artiste utilise des prête-noms qu’il fait endosser à son personnage. Le Peintre est tantôt masqué, incognito, anonyme. L’identité de l’artiste est déclinée dans les personnes qu’il incarne, que ce soit une « espèce d’aventurier », un professeur, ou le peintre lui-même.
C’est ainsi que Jean Le Gac est un artiste aux multiples identités, un peintre-photographe, un peintre contemporain, un peintre qui n’existe pas, le peintre interprète, le peintre virtuose, le peintre errant à la périphérie de l’art, le peintre fantôme, le peintre qui fait collection de livres, le peintre caméléon, le faux paysagiste, le paysagiste, le peintre d’histoires en tous genres, le peintre qui avait introduit la fiction dans les arts plastiques, pas un génie de pacotille, le peintre distrait, le peintre nocturne, le peintre romanesque. »
- Le Gac, Voyage en ballon -