Marseille. Regards sur 25 ans de peintures provençales…

Le Musée Regards de Provence propose un voyage dans le temps à travers la capitale du Sud, la côte méridionale et la campagne provençale, mettant en lumière la beauté et le réalisme des œuvres des peintres paysagistes et le talent des artistes coloristes naturalistes, fauves et expressionnistes.




L’exposition « La Collection - ses 25 ans » réunit une quarantaine de toiles des XIXe et XXe siècles, issues de la collection de la Fondation Regards de Provence qui célèbre ses 25 ans d’existence en 2023. Les peintres de la Méditerranée, qu’ils appartiennent ou non à l’École Provençale, sont attentifs aux particularités locales et à l’atmosphère si singulière qu’émanent la ville de Marseille et ses habitants. Les artistes ont transcrit sur leur toile l’animation des zones portuaires, le quotidien des pêcheurs, la solitude de côtes encore sauvages, la variété des lumières sur les paysages urbains et naturels. Autant de variations de points de vue et de sensibilités ressenties sur le motif que ces artistes se sont attachés à magnifier.

Les peintres vont également se tourner vers le littoral, redécouvrant - tels Charles Camoin, Armand Guillaumin, Emile Othon Friesz, Louis Valtat, Louis-Mathieu Verdilhan ou René Seyssaud - le charme de petites villes comme Cassis ou La Ciotat qui furent longtemps des communes industrielles, où la pêche, le commerce alimentaire et les chantiers de construction navale faisaient autorité, avant de devenir les cités balnéaires et huppées que l’on connaît. Elles ne bénéficiaient pas moins d’une géographie exceptionnelle, mélange de calanques et de collines qui fascinèrent assez vite les artistes. Ils donneront une vision tout en volumes chromatiques avec des compositions audacieuses, qui retiennent l’attention par leur extravagance colorée et lumineuse.

La peinture du XIXe siècle, en réaction contre le classicisme et le romantisme, est dominée par le naturalisme, une nouvelle conception du paysage, ou la nature aimée pour elle-même, vécue avec émotion, remplace le paysage de convention, artificiel et théâtral. Le décor noble et italianisant ce de la  place au paysage français familier ou travail en plein-air remplace les heures d'atelier. Sous l'impulsion d’Émile Loubon née en 1845, chef de file de l’École Provençale, la Provence devient un atelier à ciel ouvert, un foyer pictural et expérimental de tous ses paysagistes régionalistes. Cette école régionaliste décrit son pays à travers ses éléments les plus spécifiques : la lumière du Midi, les couleurs, la végétation, les costumes et les coutumes régionaux. Les traditions régionales revivent sous les pinceaux des artistes, qui glorifient les scènes quotidiennes et bucoliques de la Provence. Ils célèbrent la vie, leur région, ses fêtes et ses coutumes.

Les peintres de l’École Marseillaise ou Provençale recherchent et retracent la sérénité, la majesté des paysages et s’émerveillent devant ces scènes pastorales, comme les lavandières, les vendanges, les moissons, la transhumance, la chasse et les ramasseuses de lavande. Ils composent dans leurs peintures des ambiances réalistes, naturalistes, marquées d’un romantisme. Certains privilégient l’émotion, l’instinct, peignant de nombreux paysages, clairs et lumineux, sur le motif. D’autres se concentrent davantage sur l’équilibre de leur composition, le raffinement et la quiétude. Ils restituent une Provence splendide et paisible, dont rien ne vient troubler la sérénité.



- René Seyssaud, L’Étang de Berre -


Au XXe siècle, cette vision du Sud est bousculée par une jeune génération qui revendique une identité personnelle. Auguste Chabaud, René Seyssaud ou Louis-Mathieu Verdilhan font preuve de qualités de coloristes avec des effets de lumières, utilisant une matière épaisse aux couleurs fortes. Cette vision du Sud est exaltée par la génération d’artistes modernes, qui souhaitent un renouvellement. Ils sont audacieux, par le choix des tons purs, la synthèse ou le rassemblement des formes en masses concentrées.

Les couleurs de Provence ne s’écrivent jamais de la même manière, selon la place donnée à l’éclairage, à ses effets, aux ombres portées redécoupant le paysage ou isolant des personnages dans une scène de vie quotidienne. La saison, le temps, le ciel limpide, vaporeux ou encombré de nuages, la déclinaison du soleil, le procédé d’éclairer un site constituent toutes les composantes de la beauté d’un paysage ou d’une ambiance. CQFD !