Tel qui vécut des jours médiocres pendant lesquels il n’eut pas du tout l’impression d’être heureux, les évoque ensuite comme des instants merveilleux, les retrouve assez beaux dans ces souvenirs pour en éprouver un profond regret. Nous avons plus de bonheur dan nos souvenirs que dan nos présents.
Le monde nous apparaît si mauvais parfois, les humains si déplaisants, la société si mal faite, qu’il nous vient l’envie de vivre à la façon des bêtes, pour subsister seulement.
Nos désirs sont sans limite mais nos moyens d’actions sont limités.
Baissons-nous s’il le faut mais ne nous abaissons pas !
Pour beaucoup d’entre nous, lorsqu’il s’agit d’autrui, dire c’est presque toujours médire.
Rien de tel pour bien vieillir que de garder beaucoup de curiosité dans l’esprit et de générosité dans le cœur.
Notre existence est ainsi faite que souvent, les échecs y conduisent au succès et que les succès y préparent les échecs.
Reconnaître et dire la vérité, faire l’aveu d’une erreur, convenir d’un tord, faire amende honorable, renoncer… autant de choses qui demandent…du courage.
L’insatisfaction, l’inquiétude existentielle sont à l’origine de la plupart des œuvres d’art. Mais toutes les inquiétudes et les insatisfactions ne conduisent pas forcément à des créations artistiques.
La formule la plus impérative n’est pas : je veux, mais : il faut. Car la nécessité est plus forte que la volonté.
Supporter l’insupportable, s’habituer au pire, admettre l’abjection, bref, vivre avec le monde qui est le nôtre c’est ce que, plus ou moins volontiers, nous faisons tous. Faute de pouvoir supprimer tout cela, nous ne pouvons pourtant le récuser tout à fait.
La liberté totale nous est impossible. Si nous échappions aux lois de la société, il nous faudrait nous imposer alors nos propres lois. En quoi différeraient-elles ?
Il faut se donner du mal afin d’éviter que l’on ne nous en fasse.
Notre conscience n’est pas assez grande pour nous faire vraiment prendre conscience des choses !
Le succès tient à la chance et au mérite ce que l’échec tient à l’erreur et à la malchance.
Tel malheur commence par un succès comme tel bonheur prend d’abord la forme d’un funeste événement. Qui se désole d’avoir manquer l’avion qui s’écrasera, un autre de se réjouir de lancer une affaire qui le ruinera.
Ne nous étonnons pas de n’être pas compris par ceux-là mêmes que nous ne comprenons pas !
Efforçons-nous d’être indulgent pour nous épargner d’avoir trop de mépris.
Le plaisir n’est pas plus le bonheur que la difficulté n’est le malheur.
Nous pardonnons plus aisément une injustice qu’un outrage.
Il y a le beau et le laid, le bien et le mal, le vrai et le faux…Parce que leurs frontières sont imprécises, il est convenant de les mélanger. Ne nous étonnons pas qu’il règne une grande confusion dans des domaines comme l’art et la morale.
Il ne faut pas pousser trop loin le cynisme, si l’on ne veut pas ressembler à un chien !
Savoir que tout est vanité ne doit pas nous empêcher d’agir, mais nous empêcher d’être vaniteux.
Il n’est pas toujours certains que les premiers soient les meilleurs comme les objets les plus chers soient ceux qui aient le plus de prix.
Il faut du courage durant une grande partie de sa vie et de la bravoure en quelques rares occasions.
Le passé est un morceau de temps qui fut jadis l’avenir. L’avenir est un morceau de temps qui sera un jour le passé. Quant au présent, il est un morceau de temps qui semble sortir du passé pour entrer dans l’avenir. Et il est pratiquement impossible d’en parler puisque la seconde même qui s’écoule sort de celle d’avant pour former celle d’après. Il n’existe peut-être pas de vrai présent !
Exerçons-nous à réduire la différence entre ce que nous voulons et ce que nous pouvons.
La justice sans force et le désir sans volonté sont des choses bien vaines.
Si la force était plus souvent du côté de la justice, les méchants se lasseraient bien vite de faire le mal.
Qu’importe les grandes conquêtes si ma vie de tous les jours n’est pas une victoire !
La vie collective nous rend nécessairement solidaires sans parvenir à nous rapprocher. On pourrait dire aussi bien qu’elle nous rapproche sans nous rendre solidaires.
Nous sommes trop préoccupés pour être attentifs, trop sollicités pour répondre, trop informés pour savoir, trop agités pour agir…
Pour être libre, il importe de savoir s’astreindre, de se fixer des limites.
La sagesse consiste pour une large part dans la juste appréciation de l’importance qu’il faut accorder à toutes choses.
Nos actions sont le fait de nos réflexes tout autant que le fruit de nos réflexions. Or tout change pour nous selon que nos réflexes sont bons ou mauvais.
Il est d’autant plus difficile de savoir ce que les gens pensent de nous qu’ils ne le savent pas eux-mêmes !