L'Europe sonne la retraite.

Sombres perspectives pour les futurs pensionnés.

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Catégorie Les paradoxales

Tandis que chez nous certaines professions s'époumonent encore à réclamer un départ à la retraite à 55 ans, les gouvernements européens regardent avec angoisse leurs populations vieillir. Les conséquences s'annoncent catastrophiques pour leurs Caisses de retraites, surtout celles basées sur le système de répartition.

Une piste, commune à la plupart des pays, consiste à retarder le départ à la retraite, allonger la durée des cotisations, minorer le montant des pensions. Les ayants droits ont alors intérêt à compenser par des assurances complémentaires. Rien de bien réjouissant, avec comme effet boomerang des postes qui ne se libèrent pas suffisamment vite pour les jeunes. On tente ainsi de régler le problème de la retraite, au risque d'accentuer le chômage des jeunes. Le chien se mord désespérément la queue…

En attendant chacun travaille dans son coin. L'Allemagne s'achemine vers un douloureux relèvement de l'âge légal de la retraite à 67 ans, à l'horizon de 2029. Car d'après les calculs, d'ici 30 ans, elle comptera deux actifs pour un retraité…

En Angleterre, c'est déjà fait. La machine est en marche vers les 68 ans tandis que les retraites ne seront plus indexées sur l'inflation mais sur l'augmentation des revenus…

Le gouvernement danois a reculé de 60 à 62 ans l'âge du départ en préretraite et de 65 à 67 ans celui du départ en retraite, une décision qui s'appliquera progressivement…

Au Portugal, les partenaires sociaux - principe de réalité oblige - ont accepté les propositions du gouvernement. L'âge de la retraite passera de 65 ans à 65 ans un mois et un jour en 2008, 65 ans deux mois et 15 jours en 2009, jusqu'à atteindre 66 ans en 2017…

Toutes ces mesures sont évidemment impopulaires auprès des populations concernées qui se voient imposer de travailler plus pour recevoir moins. Plus astucieusement, certains états ont choisi d'inciter les salariés à rester plus longtemps. En Espagne le montant de la retraite est majoré de 2% pour ceux qui partent après l'âge légal de 65 ans. En Finlande, on joue sur les deux tableaux. On pénalise ceux qui partent avant 63 ans et on récompense ceux qui les dépassent …

Une autre piste pourrait consister, tout en prolongeant l'âge du départ à la retraite, à diminuer le temps de travail des plus de 60 ans. Pour un salaire sensiblement égal, la possibilité de s'orienter graduellement vers un mi-temps, libérant des emplois.

Cette réalité des chiffres était connue de tous les gouvernements qui se sont succédés, de tous les candidats sérieux aux élections les plus variés. Apparemment, ils n'ont guère pris le temps de se pencher sur ces problèmes et ont continué à faire comme s'ils n'existaient pas. On appelle ça : pratiquer la politique de l'autruche ! Si certains pré-retraités sont partis à temps, bénéficiant de mesures qui ont dû être très vite abandonnées, le réveil est pénible pour les autres…

Nous savions que nous allons laisser à nos enfants et petits-enfants une planète plus sale, plus "insécure" que celle que nous avons trouvé. Nous savons maintenant qu'il leur faudra travailler davantage, plus longtemps, avec dans la perspective d'un repos bien gagné, une bien maigre retraite !

Les trente glorieuses sont bien loin, leurs promesses d'un monde prospère se sont envolées. Le monde change, le monde a changé !