Montmartre. Hommage à un surréalisme au féminin ?

Catégorie Les Arts au soleil

Le Musée de Montmartre Jardins Renoir propose, du 31 mars au 10 septembre 2023, une exposition qui explore les degrés et les différentes formes d’adhésion de femmes artistes et poètes, au mouvement surréaliste. Cinquante d’entre elles sont représentées dans le parcours, avec près de 150 œuvres exposées.


- Jane Graverol, Le Sacre du Printemps
© Raw, Adagp, Paris, 2022, © Stéphane Pons -


Mouvement provocateur et dynamique, le surréalisme déclenche au 20e siècle un renouvellement esthétique et des bouleversements éthiques. Les hommes ne sont pas les seuls à avoir rendu vivants ce courant et ses transgressions : de nombreuses femmes en furent des actrices majeures mais néanmoins mésestimées par les musées et minorées par le marché de l’art. Ainsi, l’exposition a pour ambition de présenter des artistes majeures telles que Claude Cahun, Toyen, Dora Maar, Lee Miller, Meret Oppenheim et Leonora Carrington mais également de mettre en lumière d’autres personnalités moins connues comme Marion Adnams, Ithell Colquhoun, Grace Pailthorpe, Jane Graverol, Suzanne Van Damme, Rita Kernn-Larsenn, Franciska Clausen ou encore Josette Exandier et Yahne Le Toumelin.

Le surréalisme leur offrit un cadre d’expression et de créativité qui n’eut sans doute pas d’équivalent dans les autres mouvements d’avant-garde. Pourtant, c’est souvent en s’appropriant et en étendant des thèmes initiés par les « leaders » du mouvement qu’elles exprimèrent leur liberté. C’est aussi en se dégageant de ce qui devint parfois une doxa surréaliste qu’elles s’affirmèrent. « Tout contre » le surréalisme, c’est ainsi que l’on pourrait définir leurs positions diversifiées et complexes à l’égard du mouvement.

Des années trente aux années soixante-dix, le « surréalisme féminin » forme des constellations éphémères, au gré de ralliements au mouvement souvent temporaires mais aussi d’amitiés qui se nouent hors de ce cadre. L’imaginaire de ces artistes n’est pas aligné sur celui des figures masculines du groupe. Leurs pratiques, fréquemment interdisciplinaires - picturales, photographiques, sculpturales, cinématographiques, littéraires... - expriment leur volonté d’échappées belles au-delà des normes hétérosexuelles et des frontières géographiques.

La fascination que Montmartre exerce sur la communauté surréaliste est indéniable. C’est un quartier que les surréalistes arpentent, habitent et rêvent : un espace de fantasmes et de divertissements populaires. Aragon célèbre en Montmartre « une espèce de creuset de l’imagination où les pires conventions, la plus basse littérature se fondent avec la réalité des désirs, la simplicité des désirs, et ce qu’il y a de plus libre, d’inaliénable en moi, je veux dire en l’homme. » C’est aussi la situation géographique de la butte et la vue panoramique qu’elle offre sur la capitale qui séduisent Breton : « Il faut aller voir de bon matin du haut de la colline du Sacré-Coeur, à Paris, la ville se dégager lentement de ses voiles splendides, avant d’étendre les bras. »

12 rue Cortot 75018 Paris
tel. 01 49 25 89 39