Marseille. La mer qu’on voit danser… le long des golfes clairs.
« La mer… qu'au ciel d'été confond… ses blancs moutons… avec les anges si purs… la mer bergère d'azur, infinie... » Merci à Charles Trenet pour l’introduction à cette exposition !
En cette rentrée 2022 le Musée Regards de Provence présente l’exposition « Vues sur Mer », qui réunit 25 peintres, photographes, sculpteurs et vidéastes contemporains. Ces artistes, toutes générations confondues, viennent de divers horizons mais sont souvent liés par leurs travaux à la Méditerranée. Ils ont questionné, avec leurs moyens techniques propres, ces limites, naturelles ou artificielles, entre la terre et l’eau. La peinture pour Jean-Jacques Surian, Benjamin Chasselon, Alfons Alt, Patrick Moquet, Yann Letestu. La photographie pour Bernard Plossu, Marc Chostakoff, Christian Ramade, Eric Bourret ou Philippe Ivanez. La sculpture et l'installation pour Nicolas Rubinstein. Entre eux, les convergences et les passerelles sont nombreuses. Empreintes de réalisme, de fantaisie poétique ou de revendications écologiques, leurs visions de la plage et des bords de mer mettent en valeur les multiples activités qui s'y pratiquent, l'architecture qui les encadre et les ambiances qui s'en de gagent selon les différents moments de la journée. A cet égard, on peut citer « Papillon de nuit », la photographie sur plexiglas de Wilbe.
Ainsi ils prolongent un champ d’études artistiques de friche par les peintres (Gustave Courbet, Eugène Boudin, Félix Valloton, Rafael Ponson, entre autres) et les écrivains (Guy de Maupassant, Jules Renard, Marcel Proust...) des le XIX ème siècle. Mais ces témoignages renouvelés sur la beauté de la nature se doublent d'un cri d'alarme quant à sa préservation pour les générations futures. A travers eux, nous sommes invites a prendre conscience de sa fragilité .
Pour Jacques Lucchesi , c'est la leçon qui se dégage de cette exposition et de son sujet a la fois local et universel : « Si la plage, et les bords de mer en général, nous fascinent tant, c’est parce qu’ils constituent un spectacle en soi. C’est un microcosme, avec d’autres codes vestimentaires, un autre rapport à la pudeur et à l’impudeur que ceux qui prévalent à la ville - comme Jules Renard l’avait déjà vu dans son roman L’écornifleur. Dans cet espace dédié au farniente et à la douceur de vivre, tous les sens sont stimulés. Ici on peut jouir de la mer - presque - sans danger.
C’est un peu une mer domestiquée par opposition à la haute mer qu’affrontent les marins loin des côtes. Ses trésors, elle les amène à nos pieds, comme ces coquillages, ces crabes et ces varechs après la marée, sur les bords de l’Atlantique. Ainsi la plage se révèle être un plaisir d’homme moyen, celui qui ne recherche pas la sublimité des tempêtes. Tout au plus, il se contente de les admirer de loin, bien à l’abri sur son rivage, comme le poète latin Lucrèce en son temps. Et néanmoins, cette symbiose des éléments - eau, air, terre, feu - peut générer, elle aussi, des émotions artistiques. Car la mer est placée sous le signe de l’éternel retour, contrairement au fleuve dont l’eau poursuit indéfiniment une trajectoire linéaire et sans passé. Est-ce, pour autant, un retour à un état paradisiaque d’avant la civilisation ? Non, car nous savons que la plage moderne n’en est que son expression. »
- A voir aussi, l'exposition Couleurs du Sud, jusqu’à 30 octobre.