- Photo © Paris Côte d’Azur -

Cette boulimie pathologique reflète bien la tendance. Tendance soutenue par les principaux acteurs qui bénéficient en premiers de l’industrie locale prédominante : le tourisme. Avec toujours les mêmes arguments. Plus de passagers, c’est plus de dépenses, plus de créations d’emplois, plus de taxes pour les institutions… La privatisation de cet instrument de travail et de développement en a rajouté une couche, et toute initiative qui va rapporter des bénéfices répartis entre actionnaires est plus que bienvenue...

Le Comité Régional du Tourisme Côte d'Azur paraît emboîter le pas. Lors des 5èmes Rencontres Départementales du Tourisme Azuréen qui se sont déroulées récemment à Nice Acropolis, il fut ainsi demandé à des dirigeants d'entreprise, de start-up innovante, de représentants associatifs, d’étudiants… de plancher sur de nouvelles façons « d’accroître la dépense touristique moyenne et de stimuler la consommation. » CQFD !

Apparemment les leçons de feu l’aéroport de Notre-Dame de Nantes (ne priez pas pour nous…) et plus loin de nous de celui de Mirabel près de Montréal, n’ont pas été tirées. La première question a se poser étant : avons-nous besoin de cette extension ? Est-elle vraiment indispensable. Les nouveaux aménagements prévus par l'aéroport, notamment les 6 portes d'embarquement supplémentaires au Terminal 2, ne sont-ils pas suffisants ?

Pour les membres de plusieurs associations environnementalistes, cette augmentation du nombre de voyageurs viseraient en fait les 56 % à l'horizon 2026. Or, il y a déjà sur la plateforme « un atterrissage toutes les deux minutes » ce qui contribue à faire de Nice une « des villes françaises dont l'air est le plus pollué »… Mais ces faits et ces considérations écologiques ne pèsent pas bien lourd dans la balance des décideurs. Nous en sommes revenus au combat du pot de fer contre le pot de terre. Les David ne gagnent que rarement contre les Goliath !

- Photo © Paris Côte d’Azur -

Autre réalité dont ont à faire face les habitants proches de l’aéroport de Cannes / Mandelieu : les nuisance liées à son développement. S’il ne s’agissait à sa création que d’un aérodrome réservé à une aviation légère, force est de constater que ce n’est plus le cas aujourd’hui. Première erreur histoire, le choix du lieu suivi d’une extension qui eut pour effet de couper la voie directe entre Cannes et le centre-ville de Mandelieu. Et comme l’appétit vient en mangeant, la petite structure qui accueillait les Cessna et autres avions d’aéroclub, est devenu un monstre, base de départ et d’arrivée de jets privés, dont la moindre des particularités est qu’ils ne transportent chacun que très peu de passagers.

Face à un Goliath sans état d’âme, obnubilé par la croissance de son trafic et l’augmentation du tonnage de ses visiteurs, les militants de l’Association de défense contre les nuisances aériennes (bruits, pollution de l’air, risques...), font entendre depuis une décennie leurs voix. Leur président, Albert Dauphin, dénonce l’hypocrisie des élus concernés qui, tout en assurant qu’ils comprennent les plaignants, se félicitent en leur for intérieur de cette manne, créatrice de taxes et d’emplois. Un double langage d’autant plus coupable en ces temps où nul n’ignore les tenants et les aboutissants de la situation !

PS : Le permis de construire relatif à l’extension du terminal T2.2 de l’aéroport Nice Côte d’Azur a été délivré par M. le Préfet des Alpes-Maritimes en date du 20 décembre 2019. Le projet prévoit la construction d’un hall d’enregistrement côté ville, ainsi que d’un tri bagage et d’une jetée constituée de halls d’embarquement (création de 6 nouvelles salles) et de débarquement côté piste. Les 25 211m2 de surface de plancher créée portent ainsi la surface de plancher totale à 97 765m2.