Cannes. Les souvenirs de Festivals passés se ramassent à la pelle...

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Il n'y a pas de Festival sans journées pluvieuses, sans polémique aussi et surtout sans souvenirs improbables.




Didier Veillith. Il est au nombre de ces cannois qui ont mille et une anecdotes à propos du Festival. Arrivé à 17 ans, il démarre son premier festival un certain mai 1968. Il est sur les marches avec les contestataires. Quelques années plus tard, il travaille pour Cannes Radio et Cannes TV et accumule en 20 ans, des centaines d’interviews. Depardieu lui parle de ses vignes davantage que de ses prestations à l’écran. Roman Polanski a du mal à rester poli lorsque Didier s’aperçoit au bout de 10 minutes que le cadreur ne filme pas. Il est confus lorsqu’il demande à Géraldine Chaplin ce qu’elle pense d’un film de la sélection officielle qu’elle n’a pas vu. Et pour cause, elle préside un jury d’une autre compétition. Richard Berry, de mauvaise humeur parce que les journalistes n’ont pas encore vu son film lui lance : “Cannes TV ce n’est pas CNN !”, la réplique fuse : “et Richard Berry n’est pas Harrison Ford !”. Le soir même, au Radio Circus de Pacini, les deux hommes ont déjà tout oublié.

Autre moment d’anthologie, lorsque Victoria Abril, au Gray d’Albion, fatiguée d’un interview qui se prolonge y va d’un retentissant : “si ce que je te dis ça t’emmerde, on fait autre chose !” L’instant est immortalisé et, au montage, les petits copains de Didier, insèrent une image de l’intervieweur les yeux fermés laissant croire qu’il s’est assoupi. Sans rancune, Victoria offre le champagne à toute l’équipe.


Philippe Tabarot. Alors âgé d’une huitaine d’année, un client qui fréquentait la plage de ses parents, le Macouba près du Miramar, lui fit un somptueux cadeau. Une place pour la projection du film “La vie de Pelée”. La star brésilienne était présente et fière de présenter ce film qui retraçait ses débuts dans les favelas de Rio. Aux abords de l’ancien Palais, c’était la bousculade. Un souvenir inoubliable, un rêve pour beaucoup de petits cannois.



- Isabelle Adjani -


Nostalgiquement. On n’empêchera pas les vieux cannois, pas si vieux que ça après tout, de garder le souvenir ému de l’ancien Palais des Festivals. “Il avait une âme, avec son entrée face à la mer, idéalement situé entre le Carlton et le Majestic” nous confiait l’un deux, radiologue à la retraite. Mais on ne refait pas l’histoire, ajouta-t-il, il faut résolument se tourner vers l’avenir !


Nostalgique aussi, Henri Céran, ex-directeur du tourisme cannois, qui se souvient de ces semaines de folie, croisant dans les couloirs du Palais, un Clint Eastwood timide et sans façon, la belle Adjani cachée derrière ses sempiternelles lunettes noires, se prenant les pieds dans le tapis. Comme d’autres bureaux, le sien était réquisitionné et transformé en loge pour accueillir, le jour du Palmarès les vedettes les plus prestigieuses, en mal d’intimité.


Maurice Delauney. Dans son livre Chronique d’une mairie, l’ancien maire de Cannes évoquait quelques souvenirs liés “à cet événement phare”. “Ainsi Alain Delon, immense acteur, fit un jour scandale. En retard à la séance où l’on projetait, ce soir là, un film où il tenait le rôle principal, il se fit copieusement siffler à son entrée dans la salle. Et comme sa performance n’avait pas convaincu l’assistance, celle-ci, à la fin de la projection, oublia de l’applaudir. Alain Delon quitta alors le grand auditorium en faisant un bras d’honneur au public”. Il se remémore aussi la belle et talentueuse comédienne Sophie Marceau qui, en 1999, allait rater sa prestation. Chargée d’ouvrir le Festival, elle débarqua sur scène en déclarant : Cannes c’est chiant, Cannes c’est chiant ! Surprise et consternation dans la salle. La présentatrice de la cérémonie fut obligée de lui demander de regagner sa loge”.


La robe de Liz. Patrick Joly teinturier émérite, était pourtant habitué à satisfaire bien des caprices de star. Lors d’un festival, il ne vit rien de particulier dans la demande d’Elisabeth Taylor qui insista pour que la robe qu’elle devait porter lors de la cérémonie de clôture ne soit vue par aucun journaliste et encore moins photographiée. Mais, lorsqu’il alla chercher la dite robe dans la villa de la Croix des Gardes où séjournait l’actrice, il ne s’attendait pas à être suivi par une horde de paparazzi. Certains l’abordèrent et lui proposèrent de l’argent et il dut se barricader dans son atelier. Caprice de star ou d’une certaine presse people qui veut faire croire à l’importance de choses qui n’en ont guère ?



- Alain Delon, 2002 - photo Traverso -