Elle danse avec les loups…

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Catégorie Les Arts au soleil

Article publié en novembre 2001 dans la magazine papier Paris-Côte d’Azur.




Façon de parler car si Carol Vidil-Colbert [désormais Carol Clayton Talmon de l’Armée] a dansé dans les déserts de Californie et du Nevada, elle est de retour à Grasse où elle fait danser de petits loups. Vous aurez compris qu’il s’agit des jeunes élèves d’une école de danse. C’est à Grasse justement qu’elle découvre à l’âge de 10 ans la danse. Douée, elle fait tous les jours le trajet jusqu’à Cannes chez l’incontournable Rosella, puis chez Marika Besobrassova à Monaco.


Les années d’apprentissage passent et, à 17 ans, elle comprend que pour elle, « la vie c’est la danse et la danse, c’est sa vie. » Elle accumule alors les expériences les plus diverses, dans le classique comme dans le moderne. A Marseille elle explore les techniques et les chorégraphies de Martha Graham et fait ses premières expériences d’enseignante. A Nice, au « Off Jazz Dance Center », elle complète sa formation. A Paris, elle est remarquée par le chorégraphe Redha et danse dans les contes d’Hoffmann, mis en scène par Roman Polanski. Elle rêve de rentrer chez Béjart mais, pour l’amour d’un homme, la voilà à Los Angeles. Une page se tourne.


Elle découvre le Nouveau Monde, ses règles et ses enjeux. Les Français y sont bien acceptés et jouissent, dans le milieu qu’elle fréquente, d’un prestige certain. Pourtant, elle le reconnaît volontiers, les américains, dans ce monde du spectacle, sont de vrais professionnels. Impressionnants, ils savent tout faire grâce à leurs écoles où l’on travaille ses points faibles autant que ses points forts. Tout le monde sait danser, jouer la comédie, faire des claquettes, chanter… Chacun a son agent, chargé de trouver des auditions et des contrats, en échange d’une commission de 10% . Elle en choisit un et la voilà tournant une pub, participant à une comédie musicale, enchaînant les apparitions dans de nombreux spectacles, de danse évidemment. Une expérience enrichissante qui ne la laisse pas sur le pavé, d’autant que son mari compose des musiques de films. Elle apprécie cette ambiance compétitive stimulante. Tout semble possible là-bas, les opportunités ne manquent pas dans ce milieu sans cesse à la recherche de nouveaux talents.


Elle est pleine de projets mais de sérieux ennuis de santé l’immobilisent. Que cela ne tienne, elle profite de ce repos forcé pour écrire un livre de cuisine, « Easy French Cooking » qui se vend à L.A. et à New York comme des baguettes de pain… si prisées outre-Atlantique. Avec le recul elle comprend que la rigueur, la discipline, le sens de l’effort qui sont liés à la danse, ont été un formidable passeport pour la réussite, et le restent pour tout candidat à la green card.


Vient la naissance de Camille et un retour vers la mère patrie, vers sa famille qui est restée à Grasse. Le hasard lui sourit. Elle rencontre une ancienne professeur de danse qui lui propose de la remplacer à Grasse. Une ville qu’elle redécouvre et qui lui semble dynamique, riche de possibilités et d’ouvertures dans son domaine. Elle enseigne ainsi au Centre Artistique de la danse de Cydrille Girard et imagine volontiers fonder un jour prochain sa propre compagnie, néo-classique.


Sa rencontre avec un photographe américain, Clayton Talmon de l’Armée, se traduit par une série de photographies mises en scènes dans les déserts de Californie et du Nevada. Elle y interprète de véritables chorégraphies, face au vent, avec pour uniques spectateurs les serpents, les lynx et tous ces habitants d’un monde qui n’est pas fait que de silence. Ces photographies font l’objet d’expositions à L.A., New York et à Galerie de la Croisette à Cannes.


* Depuis que notre article a été publié en novembre 2001, Carol Vidil-Colbert a marié son photographe attitré. Son studio de danse mouginois a prospéré. Elle a aussi participé en 2017 à la création d’une série télévisée éducative « Ballerina Belle », l’histoire d’une jeune américaine qui veut entrer dans le monde de la danse classique.