Xynthia : si la condamnation à de la prison ferme pouvait faire
jurisprudence...
Même si on doute que le maire de Faute-sur-mer et son adjointe passent plus que quelques jours dans une des cellules VIP d’une prison de la République, on est en droit de se féliciter que, pour une fois, des élus décisionnaires en matière d’urbanisme soit jugés responsables, mieux, coupables.
Tout n’est pas définitif bien sûr, car René
Barratier et Françoise Babin ont fait appel de la décision. Ce procès a
confirmé ce dont on se doutait : l'existence de liens pervers entre promoteurs et
élus. Les intérêts en jeu étaient évident et la tentation de faire de l’argent,
suffisante pour y céder. Les juges ont pris en compte le fait que les
autorisations délivrées avaient été faites en dépit de risques connus et que
« la Loi littoral » n’avait pas était respectée ni les consignes
inhérente à une zone inondable.
La connivence entre les uns et les autres a
été d’autant plus facilement établie que l’adjointe était présidente de la commission d'urbanisme, promoteur
immobilier et elle-même propriétaire de nombreux terrains sur la commune... Sa
condamnation apparaît ainsi logique même si l’amende de 75 000 € est probablement sans rapport avec
les bénéfices qu’elle a pu engranger.
La
catastrophe - rappelons qu’il y a eu 29 morts - va-t-elle réveiller les consciences
et conduire les élus à plus de prudence ? L’avenir nous le dira. En
attendant la pression sur les littoraux et dans des zones inondables (plaines
alluviales, proximités de rivières et autres cours d’eau), est toujours aussi
forte, notamment sur la Côte d’Azur et dans le Var. Ce sont des centaines de millions
d’euros qui sont en jeu. De l’enrichissement personnel bien sûr mais aussi du
financement occulte de candidats aux élections et de partis.
Plusieurs maires poussés par des intérêts
privés, ceux de plagistes, promoteurs immobiliers, propriétaires de terrains devenus inconstructibles,
cherchent de façon plus ou moins ouvertes à contourner les lois. Ils demandent
au minimum des aménagements et la possibilité de déroger ainsi aux contraintes
les plus pénalisantes ?
La Fédération Nature
environnement préconise la généralisation des Plans de prévention des risques
naturels sur l’ensemble du littoral français. Cela implique de renoncer à
construire en zone à risque, d’appliquer de façon stricte la Loi Littoral, seule
garante de la lutte contre l’urbanisation à outrance.
L’alibi de l’intérêt du
développement économique ne doit pas prévaloir, d’autant qu’il entraîne de nombreuses
conséquences pour les collectivités locales. Laisser prospérer des
installations, à vocation saisonnière, dans des zones à risques littoraux et de
submersion marine, a un prix car cela nécessite de coûteux aménagements qui
souvent se font au détriment de la biodiversité. Exemple remarquable,
l’apparition ces dernières années la présence nouvelle d’établissements de plage
présumés démontables. Il est flagrant qu’ils ne seront démontés que par la
force des éléments...
Les changements
climatiques sont une réalité rappelle la Fédération Nature Environnement : 27% du littoral français
est en érosion, une augmentation du niveau de la mer comprise entre
Elodie Martinie-Cousty,
soulignait : « ...
se termine à Lima la vingtième Conférence des parties sur le changement
climatique. La multiplication des avènements climatiques extrêmes, l’élévation
du niveau de la mer ont été au cœur des débats. La répétition à venir d'événements de type Xynthia n’est plus une menace mais un fait. Avec 1,4
millions de français résidents permanents, ceci sans compter la population
saisonnière, exposés au risque de submersion marine, l’État doit assumer le
pilotage de la politique de prévention des risques littoraux et mettre au cœur
du débat les solutions alternatives, y compris le repli stratégique. Il est
possible de faire autrement et d’éviter de nouveaux drames.»