Municipales : la parité
battue en brèche...
Lorsqu’il s’agit de choisir son premier adjoint... on ne respecte pas toujours l’esprit de la loi. Parce que ça nous arrange !
La composition d’une liste dans une ville de moyenne importance est un exercice de haute voltige. Elle se doit en effet d’être représentative de la vie de la cité. y cohabitent des notables, des retraités, des présidents d’associations diverses (anciens combattants, sports, commerçants...), des représentants des communautés juives et musulmanes, un handicapé, des francs-maçons, membres des Lions et du Rotary, parfois même un parent vient se glisser dans la liste comme à Mouans-Sartoux, Nice ou Mandelieu... Des femmes, à parité bien sûr parce que c’est la loi... Mais de là à leur laisser les clés de la maison, c’est une autre affaire.
On ne peut que constater que le poste de 1er adjoint a du mal à respecter cette parfaite alternance. Majoritairement les maires choisissent des hommes et les mairesses des... hommes aussi ce qui est dans ce cas une façon... élégante de respecter la parité. Anne Hidalgo l’a fait à Paris, Michèle Tabarot au Cannet.
Dieu sait pourtant combien le choix d’un 1er adjoint est important, c’est lui ou elle qui se présentera un jour contre vous. Je plaisante, quoique, les faits montrent qu’il n’est pas rare que le premier adjoint mène un jour ou l’autre la... fronde. Pas très loin, à Grasse, Jean-Pierre Leleux avait fait tomber Hervé De Fontmichel. Plus tard, c’était au tour de son 1er adjoint, Paul Fourquet, de se retourner contre lui...
S’il fait preuve de trop d’indépendance, le premier adjoint peut perdre du jour au lendemain ses délégations, son bureau et voiture de fonction avec le chauffeur qui va avec, si éventuellement il en a une. Mais, en cas de vacance du pouvoir, s’est lui qui sera amené à remplacer le maire et qui aura toutes les chances d’être coopté par ses pairs comme ce fut le cas à Cannes lorsque Maurice Delaunay eut à remplacer Michel Mouillot
Petit tour des cantines : À Nice, Christian Estrosi a choisi Philippe Pradal comme 1er adjoint. À Cannes, David Lisnard s’est adjoint Max Artuso. À Mandelieu Henri Leroy a jeté son dévolu sur son... neveu Sébastien. À Mouans-Sartoux, pour le maire réélu André Aschieri, c’est Laurent Broihanne qu’il lui faut tandis qu’à Grasse Jérôme Viaud a fait confiance à Philippe Westrelin et qu’à Menton Claude Guibal a placé Nicolas Amoretti en position. À La Roquette-sur-Siagne itou, André Roatta a porté son choix sur Jacques Pouplot.
Il faut aller à Théoule pour voir le tout nouveau maire Georges Botella, prendre une adjointe, Emmanuelle Cennamo ou à Roquefort-les-pins.Là, le maire Michel Rossi a mis Marie-Christine Blanc-Pattin en situation... À Villeuve-Loubet, Lionnel Luca a mis une fidèle, Marie Benassayad pour le... seconder.
Autre élément que certains électeurs pourraient trouver déconcertant, le fait que le choix définitif des adjoints ne corresponde pas toujours à la liste proposée aux votes. Ainsi, à Cannes, Gilles Cima, 9ème, se retrouve 4ème adjoint ; Josiane Attuel qu’on aurait pensé prendre la place de 1ère adjointe se retrouve numéro 2 ; Claire-Anne Reix, placée 6ème, n’obtient elle pas de délégation. Rien d’illégal dans cette pratique qui jette malgré tout la confusion. En effet, en vertu de l’article L.2122-2, l’ordre de présentation de liste aux fonctions d’adjoints n’est pas lié à l’ordre de présentation des candidats à l’élection municipale et peut être différent de celui-ci. Il n’y a aucune obligation d’alternance pour les adjoints (si le maire est un homme, le 1er adjoint n’est pas obligatoirement une femme, ou inversement ; de même, si le 1er adjoint est une femme, le second adjoint n’est pas obligatoirement un homme, etc...).
Le résultat, pour des raisons bonnes ou mauvaises, c’est qu’on peut se retrouver si l’on n’y prête garde avec des adjoints de... premier choix et des adjointes de... second choix. CQFD !