SDF à 1500 euros par mois :
un employé de la mairie de Paris ne trouve pas à se loger.
Cette information relayée par la presse, reprise sur France 2 et détaillée dans l'émission de France 5 ressemble à de la provocation pour tous les smicards de l'hexagone qui se débrouillent tant bien que mal. Ils sont plus de 2,5 millions à toucher le Smic et connaissent tous des fins de mois difficiles. Que dire des milliers de jeunes stagiaires qui travaillent sans salaire, des Rmistes, des emplois à temps partiel, des 500 000 intérimaires à la petite semaine…
Entre un Rmi à 430 euros, un Smic à 950 euros net et les 1 500 euros net de cet employé de la mairie de Paris, la différence est de taille. Ces 1500 euros par mois devraient être en principe le début d'un salaire correct. En fait, pour beaucoup, c'est le cas. Autre raison de l'incompréhension des gagnes-petit, face à la publicité faite autour de cet employé en mal de logement, concerne le statut.
Tout le monde le concède, le statut de fonctionnaire est un Sésame pour obtenir un crédit, parfois même une condition sine quo non pour convaincre un logeur de signer un bail. Pour les autres, à revenu sensiblement égal, c'est toujours plus difficile.
Ce début de polémique a fait long feu, l'actualité a repris le dessus comme c'est souvent le cas. Le CPE est descendu dans la rue et les casseurs s'en sont servis comme pretexte… Cela ressemble maintenant à une simple anecdote. Elle a eu le mérite de mettre le doigt là où ça fait mal : la crise du logement.
Une règle prévalait depuis des lustres. On ne devait pas dépasser 25 % du revenu familial pour son budget logement. Or, à Paris, il faut débourser 750 euros pour un studio de 38 m2, à Toulouse 446 euros pour un F2 de 47 m2. Au Cannet, un modeste micro studio de 15 m2 se loue 300 euros.
Si l'on appliquait ici la règle des 25 %, il faudrait donc gagner 3000 euros net par mois à Paris pour le studio, 1800 à Toulouse pour le F2 et 1200 euros au Cannet pour la chambre studio. Pour une partie importante de la population, c'est une tâche devenue quasiment impossible sans l'aide de l'Etat et de son APL.
La nouvelle règle tournerait, plus ou moins, autour de 50 % du budget consacré au logement. Et, plus les revenus sont modestes, plus la mission relève de l'exploit sur un marché où l'offre se raréfie et où les loyers augmentent chaque année de deux à trois points. Faut-t-il évoquer les deux ou trois mois de caution à verser et qui sont à fond perdu, puisque, lorsqu'on peut enfin les récupérer, ils ne serviront qu'à payer la nouvelle caution ?
Cet employé municipal a-t-il pu se loger ? Sans doute la publicité qui a été faite autour de son cas, l'aura servi. Quid des autres SDF à 1500 euros net par mois ? Quid des moins favorisés ?
- mention : www.pariscotedazur.fr - mars 2006 -