Préface de " Pour aider à vivre" :
écrit en 1972, Fernand Dartigues 1912 – 2000 .
Les moralistes n'enseignent pas la morale, n'élaborent pas de doctrine, et ne prétendent nullement donner le secret du bonheur. Ils s'efforcent seulement d'apporter quelques lumières sur le cœur, sur l'esprit des êtres humains.
Ce faisant, ils ne se défendent pas d'espérer qu'ainsi ces mêmes êtres humains s'en trouveront mieux et que, mieux renseignés sur eux-mêmes, leur comportement s'en trouvera amélioré. A quoi servent en effet, le savoir et l'intelligence si ce n'est à montrer le plus possible de mérites, d'équilibre, d'efficacité, si ce n'est à connaître – et commettre – plus de bien que de mal ?
Pas de doctrine donc, pas de système. Laissant à d'autres les longs exposés, les développement, les démonstrations savantes, les moralistes font part de leurs réflexions à partir de leur expérience, de façon que chacun puisse les confronter avec les siennes propres. Si leurs formules prennent un caractère sentencieux, si leurs propos paraissent péremptoires, cela tient à leur volonté d'être brefs, c'est un effet du genre, ce n'est pas du tout parce qu'ils souhaitent d'imposer leurs vues sur le sujet qu'ils traitent.
Ni Marc Aurèle, ni La Bruyère, ni Chamfort ne visent à nous convertir. Ce qu'ils nous disent n'est pas pour modeler notre esprit selon le leur et nous inculquer leurs idées sur toutes choses. Ils s'expriment, à nous de juger. Quand La Rochefoucauld écrit : "Il est plus aisé de connaître l'homme en général que de connaître un homme en particulier !". Quand La Bruyère dit : "Personne presque ne s'avise de lui-même du mérite d'un autre". Quand Vauvenargues affirme : "Les grandes pensées viennent du cœur". Et Joubert : "Ce sont toujours nos impuissances qui nous irritent", ce n'est pas pour nous convaincre de penser de même, c'est le désir de dire en peu de mots ce qui leur a semblé bon. Et tant mieux si nous nous en déclarons d'accord.
Après d'aussi illustres références, l'auteur de cet ouvrage a quelque scrupule de parler de lui. Mais, s'efforçant d'être sans modestie comme sans vanité, il dira simplement qu'ayant connu de bonne heure une extrême difficulté, et toujours profondément surpris qu'on puisse vivre sans être heureux, il n'a cessé de se poser des questions sur ses propres idées, sur ses sentiments et sur ceux qu'il apercevait de ses semblables (car les hommes sont nos semblables même s'ils sont loin d'être nos pareils). Publiant depuis plus d'une décennie "Pour aider à vivre", il a pu constater que certains prenaient plaisir à les lire. Plusieurs ayant manifesté le désir de les voir réunies.
Dans les milliers de feuilles remplies par ces apophtegmes, maximes, pensées, aphorismes, etc..( nous disons plus simplement réflexions) nous avons fait un choix - difficile et arbitraire - en fonction surtout de leur brièveté. Puissent ces quelques pages vous "aider à vivre" autant que l'auteur le souhaite !
- mention : www.pariscotedazur.fr - mars 2006 -