Cannes : faux départ pour l’hélistation,
adoubée à nouveau par le préfet des Alpes-Maritimes...
La municipalité cannoise avait raison, l’annulation du décret de création de l’hélistation cannoise n’était due qu’à une erreur de virgule. Fausse joie donc pour les opposants historiques à l’installation, sur le quai du large, dans la continuation du quai Laubeuf, de la plateforme de décollage et d’atterrissage des hélicoptères. Réunis autour de Jean Louaver en association de défense, ils avaient cru rêver à l’annonce du rejet par le Tribunal administratif de Nice, de l’autorisation précédemment accordée.
Après avoir engagés à trois reprises une procédure en référé, ils n’attendaient plus rien. Comment un pot de terre gagnerait-t-il contre un pot de fer ? Éternelle question. Que faire face à des institutions convaincues de leur bon droit et des politiques certains d’avoir raison ? Ce n’est pas les responsables de l’Aviation civile qui vont mettre des bâtons dans les pales des rotors, ni les commerçants de luxe de Cannes, regroupés eux aussi en association qui voient d’un très bon œil la venue, au plus près de leurs magasins, de leurs plus riches clients… Même problématique pour l’aéroport de Cannes-Mandelieu et même fin de non-recevoir des décideurs politiques et administratifs qui rejettent systématiquement les plaintes pour nuisances des riverains après leur avoir fait croire qu’ils seraient entendus. Même lorsque quelques élus défilent, leur écharpe tricolore bien en vue, rien n’y fait. L’argument économique prévaut toujours. Face à lui, la qualité de la vie, les soucis environnementaux ne pèsent pas lourds.
Suite au dernier jugement défavorable du tribunal, l’adjoint aux affaires juridiques, Christophe Santelli-Estrany, ne s’inquiétât pas pour autant, rejetant la faute de… frappe sur les services préfectoraux. Effectivement, il s’agissait sans doute d’une erreur de terminologie. Aussitôt détectée et dénoncée, elle fut corrigée comme l’indiquait le communiqué de presse de la préfecture. Pour le préfet Francis Lamy, cette annulation était de pure forme. Il prit aussitôt un nouvel arrêté officialisant l’hélistation. Mieux vaut deux fois qu’une, en tout cas pour les acteurs et les partisans de la plateforme.
Pour les opposants, c’est la douche écossaise. Très justement, la socialiste Apolline Crapiz, parlait de rendre le quai aux Cannois. Aux vieux Cannois qui depuis des lustres avaient l’habitude de se promener sur cet endroit, à leurs yeux, emblématique car, il faut bien l’avouer, les plus jeunes préfèrent fréquenter les établissements de nuit et les plages électroniques… Le divers droite Philippe Tabarot, replaçait le débat au plan économique en constatant l'échec financier de la station. Il dénonçait aussi la mise en place prochaine de vols circulaires qui rendront possible les baptêmes de l’air, multipliant les nuisances sonores et les incertitudes concernant la sécurité…
Cette situation nous rappelle celle que nous avions vécue dans le Haut pays grassois dans les années 80/90. Une école d’ULM, s’était installée dans la paisible plaine de Caille. Munie de toutes les autorisations nécessaires, préfectorales, municipales, aviation civile et autres, elle développa son activité (beaucoup de vols circulaires), renvoyant le bruit de ces engins pétaradant résonner contre les hauteurs voisines. Pour les riverains cela devint vite insupportable, surtout pour ceux qui venaient en week-end pour se reposer et qui voyaient, en prime, leur patrimoine se dévaluer. Rien n’y fit, aucune rencontre avec les autorités, aucune pétition. Il fallu attendre de nouvelles élections municipales pour qu’une nouvelle équipe soit élue, qui bénéficia des voix des opposants, pour changer la donne…
Alain Dartigues