Cannes : le complexe sportif du Montfleury,
ni freudien, ni jungien, ni moins encore lacanien, il est juste... complexe.
Bel effet d’annonce pour les Cannois que la construction sur le site ressuscité du Montfleury d’un complexe sportif d’envergure. Sur le terrain de presque 2 hectares dont il est toujours difficile de dire avec certitude à qui il appartient, devrait donc s’édifier une piscine de 25 mètres, une salle municipale, un parc, des tennis , un parking, le tout d’accès public. Le projet était présenté l’autre jour par Bernard Brochand, député maire, David Lisnard son premier adjoint et conseiller général, Catherine Vouillon, adjointe.
Pour les sportifs cannois et plus généralement les Cannois tout court, la piscine est l’élément clef de ce complexe car il est évident que le pays cannois est sous-développé dans ce genre d’équipement. Pas de piscines municipales couvertes sur les communes de Mandelieu, Mouans-Sartoux, Valbonne, ni au Le Cannet (même si la ville participe activement à la gestion de celle des Campelières, sise à Mougins). Complexe ou centre aquatiques, les bassins de 25 ou de 50 mètres sont trop rares sur ce secteur du département alors que ce type d’équipement est d’une utilité publique flagrante. Il n’y a qu’à voir leur fréquentation… Ils reçoivent aussi bien les Bébé nageurs que les seniors pratiquant la gymnastique aquatique, aussi bien les élèves des écoles publiques et privées, que les clubs sportifs, ceux qui préparent des nageurs de compétition et les autres. Et bien sûr, il y a le public qui, depuis plus d'une décennie est de plus en plus demandeur de natation de loisir, celle qui consiste à effectuer des longueurs dans les quatre nages…
Sur le sujet des piscines à Cannes - attention à ne pas glisser dans le petit bain - nous avions pris position dès 1999, à propos du projet présenté au Conseil municipal présidé par l’ambassadeur Maurice Delauney par Jean Wohl, adjoint aux sports de l’époque. Pour nous, la ville et ses habitant avaient davantage besoin d’un second bassin de proximité de 25 mètres, ouvert à tous (ce qui n’est pas le cas du bassin des Oliviers) plutôt que d’un basin olympique construit là où existe déjà un bassin de même longueur (stade nautique Pierre Coubertin). A notre sens, beaucoup trop cher à la construction et surtout à la gestion ; ne répondant pas forcément aux demandes de la population et faisant double emploi avec celui d’Antibes concernant l’entraînement de haut niveau…
Depuis, de l’eau a passé entre les lignes et la mer a avancé plus que reculé… Le projet de la piscine de 50 mètres est devenu un véritable serpent de mer, grossissant démesurément à mesure que les entreprises chargées d’en étudier la réalisation, facturaient leurs prestations, jusqu'à atteindre l’énorme somme de 3,5 millions €… On se rappelle qu’assez opportunément, l’équipe de Bernard Brochand inaugurait en trombe la première pierre de cette présumée future piscine olympique de 50 mètres sur 25 mètres de large, avec toboggans, sauna, fond mobile et autres joyeusetés, juste à la veille des élections de 2008. Depuis, le projet s’est, à ce qu’on dit, dégonflé et présenterait un volume et un prix de construction plus raisonnable qui reste malgré tout bien supérieur au projet initial de Delauney/Wohl.
Si d’aventure Cannes finissait par avoir son 50 mètres, nous ne serions néanmoins pas les derniers à applaudir le jour de son inauguration. Pas les derniers à nous y plonger et à participer à la fête. Comme nous l’avions fait un soir de juin en 1962, lors de l’inauguration de la piscine du Montfleury (33,33 mètres), en participant à la compétition d’ouverture… avec Guy Giocomoni (devenu entraîneur national, récemment décédé), de Pierre Fauroux (architecte), de Christian Nigoux (médecin), de Pierre Canavèse (nageur olympique), de Luc et Christian Simon, de Max Delys (acteur), trois Cannois trop tôt disparus…
- piscine Montfleury, 1962 -
Mais, reste, en ces temps de crise et de souci budgétaire, une interrogation. Le projet du complexe Montfleury (11 millions €) plus celui du bassin olympique de La Bocca (passé de 27 en 2006 à plus récemment 18 millions €), ça fait deux dirait le coiffeur de ma femme ! Ça fait beaucoup dirait mon concierge, pour les finances de Cannes (accessoirement 29 millions €) ! Ça fait surtout, si je compte bien, un de trop dirait Coluche !
Encore une fois, est-ce bien raisonnable, est-on si riche que ça, peut-on continuer à gonfler la facture que nos arrière-petits-enfants auront à rembourser ? Quand donc nos élus se décideront à gérer les finances qui leur sont confiées, en bons pères de famille ?