Les Tabarot :

à la conquête de l'ouest des Alpes Maritimes.

Michèle Tabarot a depuis longtemps le vent en poupe. Seul échec dans un parcours exemplaire, elle laissa, le temps d'un mandat, la 9 ème circonscription à son voisin, le maire de la petite commune de Mouans-Sartoux, André Aschieri. Depuis, elle dévore les mandats et les responsabilités, jusqu'à se positionner comme ministrable dans un gouvernement désigné par un président qui se nommerait Sarkozy et où Christian Estrosi aurait un super ministère.

Mais ne brûlons pas les étapes. Sa place à la mairie du Cannet est sécurisée. Nul ne peut prétendre la lui ravir. Ce qui n'empêche pas les observateurs politiques de supputer. Nice-matin avait, à l'approche des dernières municipales, évoqué la possibilité pour Michèle Tabarot de se présenter à Cannes. Elle y avait vécut une partie de son enfance et, comme son cadet Philippe, elle possédait une certaine légitimité, au moins autant sinon plus que le candidat Brochand dont la carrière s'était déroulée bien loin de la Croisette avant d'y être annoncé, à grand renfort de tambour, comme le sauveur de la ville. Nul démenti ne vint contredire cette annonce. Elle ne se présenta pas mais observa les réactions. De la même manière, elle suit avec attention la cote de popularité du maire de Cannes. Une popularité qui n'est pas au beau fixe car, passer sur la plupart des dossiers en force, laisse des traces, même si, avec le temps, on le sait, tout s'estompe. Les électeurs qui ignorent tout des problèmes de la ville, forment une majorité, capables de voter, en cas d'hésitation, pour un parti plutôt que pour un homme.

Le candidature virtuelle de Michéle Tabarot à Cannes, est un cas bien différent de celle de Lionel Luca qui avait rêvé, encouragé par un Pasqua encore en scène, de prendre la mairie de Cannes alors qu'il était déjà un député-maire respecté à Villeneuve-Loubet. Une vague enfance à Cannes ne fut pas suffisant pour convaincre les électeurs de sa bonne foi, mais surtout, le choix d'abandonner Villeneuve pour Cannes, leur paru incompréhensible. La proximité entre Cannes et Le Cannet rend donc, pour la député-maire, la chose envisageable - en théorie du moins - d'autant que, derrière cet enjeu, se cache un autre enjeu, celui de l'intercommunalité. Qui trône à Cannes, dominera à terme cette nouvelle entité qui tarde à se mettre en place. Car c'est un fait, le président de l'intercommunalité aura un rôle prépondérant, le rôle d'un super maire.

Personne ne sait encore, pas même les intéressés, qui se présentera aux prochaines élections municipales à Cannes. Chacun s'observe, guette les fautes de son voisin, tisse ses réseaux et attend. Il reste tellement d'inconnus : qui sera président de la République, qui sera en Cour à l'UMP, que pèse réellement chaque candidat à la candidature, qui obtiendra la magique investiture. Pas si magique que ça d'ailleurs. On se rappelle que Michéle Tabarot avait affrontée avec succès celui qui lui avait mis le pied à l'étrier, Pierre Bachelet, lui permettant de devenir, elle, une femme, plus jeune adjoint de France. Sans investiture, juste pudiquement en congé de parti, elle avait ravi la place au député-maire sortant, bardé pourtant de décorations, appuyé par la plupart des maires voisins et entouré de nombreux et actifs francs-maçons. Les réseaux, et c'est tant mieux, ne font pas tout. L'électeur, arbitre ultime, a le dernier mot et crée parfois la surprise.

     

Philippe Tabarot dans son bureau du Conseil général, à Nice photo : Christian Olivier

Mais si, pour Michéle Tabarot, une descente vers Cannes a quelque chose d'un pari un peu fou, la perspective d'y envoyer son frère Philippe demeure une possibilité. Déjà Conseiller général de Cannes centre, son pouvoir de séduction est substantiel. Il connaît bien la ville et n'a pas grand chose à perdre. Christian Estrosi lui a confié une prestigieuse vice-présidence et des responsabilités au département qui ont accru son expérience et renforcé sa crédibilité.

Bernard Brochand semblait être, au tout début de son mandat, indécis sur l'idée d'envisager un 2ème mandat local. Il avait même déclaré que la députation ne l'intéressait pas. "Tout pour Cannes, à 200 %", ce qui est bien sur une façon de parler… Mais l'appétit vient en mangeant. Il a depuis, très clairement annoncé, sa volonté de continuer. Donc, il sera là, avec une équipe très renouvelée, avec certainement un David Lisnard qui postulera pour la place de 1er adjoint. L'adjoint au tourisme, président de la SEMEC n'a d'ailleurs jamais caché ses ambitions : il est le successeur désigné de son mentor à la mairie, même s'il est plus discret sur ce sujet depuis quelque temps.

Le combat dans les coulisses fait rage, le public, s'il le devine, n'y voit goutte. Il faut être dans les instances politiques, membre de cercles de speudo-réflexion pour le savoir. Avec qui es-tu frère ? A qui donneras-tu ta voix lors de la prochaine désignation du délégué du parti ? Sais-tu qu'Untel roule pour Untel ? Et chacun de marquer son territoire, de cultiver ses alliés, de marchander déjà de futures places dans une équipe dévouée corps et âme à sa charismatique tête de liste.

   - mention : www.pariscotedazur.fr - décembre 2005 - René Allain -