L'obésité :

en pleine expansion.

Catégorie C'est notre santé

Voilà un patient qui se porte bien, il se développe à vue d'œil. Qu'il vive dans les pays riches ou pauvres, il prospère ! A les entendre, les Canadiens n'étaient pas très gros. Quinze pour cent d'entres eux avouaient être en surpoids sinon obèse. Mais, une enquête diligentée par les instance fédérales, démontrait qu'en fait, ils sont presque la moitié à être franchement obèse. Rien qu'au Québec, 56,3 % des adultes ont un poids excessif ou sont obèses, indiquait déjà Statistique Canada en 2004. Aux États-Unis, c'est 80% des personnes âgées de plus de 25 ans qui souffrent d'excès de poids. Une véritable catastrophe sanitaire. L'obèse est un colosse au pied d'argile, susceptible plus qu'un autre de contracter un diabète, un cancer, une maladie cardiaque, à faire de d'hypertension, et à gonfler la note douloureuse des Caisses maladies. Ses absences répétées au travail viennent grossir le déficit chronique de l'Assurance chômage, elle aussi obèse. Il y a aussi un problème humain dont les statistiques parlent moins. L'obèse a du mal à vivre, à lacer ses chaussures, à trouver du travail, à s'habiller; à voyager, tout simplement à aimer…le seul moment où il renvoie l'ascenseur social, c'est quand il a la délicatesse de disparaître prématurément. Les Caisses de retraite seront les seules à en tirer bénéfice…

Il y a seulement quelques dizaines d'années les gros étaient l'exception. Dans une classe, on en comptait rarement plus d'un – souvent soumis à la désagréable attention de ses congénères – Comment en est-on arrivé là en si peu de temps ? Plus on mange gras et sucré, moins on mange cher. Cette simple constatation désigne le coupable. Les grandes compagnies agroalimentaires ont développés toute une gamme de produits qui remplissent les chariots dans tous les supermarchés du monde. Riches et pauvres sont à la même enseigne et tous mangent de plus en plus mal et de constater aussi : "En cinquante ans, le prix des corps gras a diminué de près de moitié, tandis que celui des légumes a augmenté d'un tiers". Sans doute les plus riches, les "beautiful people", seront-ils plus motivés pour s'intéresser à leur aspect physique, pour mieux observer les standards à la mode, accessoirement à leur santé. Ils mangeront sans doute davantage de légumes et de compléments alimentaires, c'est tout. Les Canadiens réfléchissent justement à subventionner les fruits et légumes pour les rendre plus accessibles aux plus défavorisés.

Certains Français aussi, si l'on en croit l'initiative du député socialiste Jean Marie Le Guen qui s'inquiète des dernières statistiques. Il y aurait 5,5 millions d'obèses et 14,4 millions de personnes seraient en surpoids. Il préconise, entre autre mesure, l'instauration d'une demi-heure d'exercice physique quotidienne pour chaque enfant scolarisé, l'installation d'une fontaine d'eau gratuite dans chaque école, la surveillance annuelle de la corpulence des enfants,… Il déplore aussi que les fruits et légumes soient aussi chers alors que les produits les moins sains sont bon marché. Il rejette assez explicitement la faute sur les grands groupes qui, en toute connaissance de cause, mettent sur le marché des produits dont on sait qu'ils sont nocifs pour la santé. On a vécu, vis à vis de l'industrie du tabac sensiblement la même situation. Les grands industriels ne savaient pas –disaient-ils - que c'était si mauvais pour la santé. Il ne voulaient pas voir que les bénéfices immenses qu'ils réalisaient, se faisaient sur le dos des femmes enceintes, des jeunes ados, de tout ces hommes et des femmes qu'ils avaient rendu accro à grands coup de pub et de cow-boys machos. Pour la bouffe c'est plus subtil car manger est une nécessité. A ce titre, l'agroalimentaire relève quasiment du sacré. Enfin, c'est ce qu'ils disent !

 -mention : www.pariscotedazur.fr - décembre 2005 -