La crise : la presse n’a pas attendu le crac boursier pour en souffrir.
Le journaliste Philippe Tallois nous livre ici quelques réflexions sur les États généraux de la presse écrite qui se sont déroulées à Paris. Il plaide aussi pour la mise en service d’une « Charte de qualité de l’information ».
- Philippe Tallois -
« Un livre vert va sortir fin décembre, suite aux Etats généraux de la Presse
écrite qui se sont tenus à Paris pendant un mois. On sait déjà que la valorisation du journalisme de terrain et la création chaque année d’une quinzaine de prix pour les meilleurs articles, s’y trouveront recommandées, avec un changement d’orientation du Fonds de modernisation de la Presse vers l’aide aux études et aux contenus des journaux, davantage qu’à leur production.
À priori, ces propositions devraient recueillir un assez large consensus mais on attendait de ces Etats généraux une véritable remise à plat du système avec des outils à la hauteur du problème soulevé car la Presse, et pas seulement la presse écrite, est en crise.
Crise de confiance de la part du public qui n’arrive pas toujours à comprendre comment fonctionne vraiment la presse et les médias. Il constate des dérives et souhaite des médias capables de faire changer les choses sans être partisans. Le public a été oublié lors de ces Etats généraux voulus par Nicolas Sarkozy. Il n’est pas le seul d’ailleurs à ne pas avoir été invité. Les Sociétés de journalistes représentant 28 rédactions ont été négligées. L’Union des Clubs de la presse
a fait remarquer qu’historiquement les Etats généraux s’appuyaient sur des représentants de la France entière et a regretté l’absence de travaux et débats décentralisés.
L’Association Journalisme et citoyenneté
invite la profession à une édition spéciale des Assises, le 20 janvier prochain à Paris, pour collationner les points de vue, noter les aspects oubliés, recueillir des propositions nouvelles. Une Charte de qualité de l’Information a été élaborée par un groupe de travail auquel j’ai participé pendant un an aux côtés de syndicalistes, d’éditeurs, de médiateurs, de représentants d’Ecoles de journalisme et d’associations diverses pour faire en sorte que le public puisse en prendre connaissance ainsi que les noms de ceux qui ont décidé de l’appliquer. Ces derniers obtenant ainsi une sorte de « label » les identifiants comme soucieux de vérifier et recouper les informations, de respecter les personnes et la vie privée quand sa révélation n’est pas d’intérêt public, de sauvegarder leur indépendance, et de pratiquer en toutes circonstances, la culture du doute pour la recherche de la vérité, autant de principes qui appartiennent aux « fondamentaux du journalisme ».
Pour assurer le respect de ces principes et de la Charte, il faut un « Conseil de presse », mais surtout pas un Conseil de l’ordre. Cela existe dans plusieurs pays et notamment en Belgique sous une forme tripartite, 6 journalistes, 6 éditeurs et 6 représentants du Public. À l’usage, il apparaît que près de la moitié des plaintes débouchent sur des solutions amiables, toute infraction aux règles de la déontologie étant publiée, y compris sur Internet.
Alors que le recours à l’Internet pour l’information, notamment par les jeunes, prend une ampleur considérable sans qu’il soit toujours possible d’identifier la source des informations et d’authentifier les faits rapportés, alors que le phénomène éternel de la « rumeur » subit sur ce médium une accélération exponentielle, l’apparition d’un label facilement identifiable sur la page d’accueil guiderait l’internaute et récompenserait ceux qui ont su conserver les fondamentaux du métier. Les entreprises de presse pourraient recueillir les dividendes d’une information plus rigoureuse et la légitime récompense de reportages d’investigations menés jusqu’au bout et suivis dans le temps. »
Philippe Tallois
- journaliste indépendant, TMC, magazines TF1, past-président de l’Union des Clubs de la Presse de France et francophones, vice-président des Clubs de la Presse Méditerranée 06 et Var Provence d’Azur.
- NDLR : comment situer le lancer de chaussures du journaliste irakien Mountazer al-Zaïdi, lors de la conférence de presse de Georges W Bush ?