Un Musée national des arts asiatiques... en or.
Cet automne, le musée Guimet de Paris nous invite dans le faste de la cour impériale des Ming, à la découverte de l’art, aussi codifié que raffiné, de la parure féminine. Une exposition inédite qui révèle le luxe et la délicatesse de certaines des plus belles créations de l’orfèvrerie chinoise. Son esthétique foisonnante, à la fois singulière et baroque, se retrouvait à la Cité Interdite aussi bien que dans le palais des élites fortunées.
Grâce aux prêts du musée des Beaux-Arts de Qujiang (Xi’an, Chine) et à son exceptionnelle collection de vases et de parures, le musée Guimet présente une exposition consacrée à l’orfèvrerie d’or sous la dynastie des Ming (1368-1644). Un éblouissant témoignage de la splendeur et du raffinement sans pareil de l’orfèvrerie et de l’art du bijou, durant une période aujourd’hui considérée comme l’un des âges d’or de la civilisation chinoise.
Puissance politique d’ethnie Han, contemporaine de la Renaissance italienne, la dynastie des Ming renverse le pouvoir mongol des Yuan, restaurant les traditions chinoises et le confucianisme. Elle est aujourd’hui célèbre pour ses monuments (en particulier la Cité Interdite et la Grande muraille) et ses productions artistiques, au premier rang desquels la porcelaine (les célèbres bleu et blanc ), le mobilier en bois naturel, ou encore la peinture à l’encre et la littérature.
Le règne des empereurs Ming est également marqué par les explorations maritimes, qui rapportent de contrées lointaines toutes sortes de richesses : or, argent, épices, pierres précieuses, animaux exotiques... Le tournant du 16e siècle marque un virage décisif : à la recherche de nouvelles voies commerciales pour atteindre l’Extrême-Orient, les navigateurs européens ouvrent des routes maritimes qui relient l’Europe à l’Asie et aux Amériques. Dans ce commerce devenu mondial, la Chine des Ming prend alors part à d’intenses échanges : autrefois empire purement agraire, elle devient un pays mercantile. Les villes du Sud s’enrichissent, entraînant l’essor d’une classe nouvelle composée de marchands fortunés. Le désir de confort matériel touche progressivement toutes les couches de la société. Dans ce contexte d’essor urbain, les produits de luxe tels que les soieries façonnées ou brodées, l’orfèvrerie d’or et les bijoux, deviennent des signes de statut social et de richesse particulièrement convoités. Ils ne sont plus l’apanage de la seule aristocratie.
Les objets d’or remontant à l’époque Ming sont aujourd’hui très rares. Compte tenu de la valeur du métal précieux dont ils sont faits, nombre d’entre eux ont par la suite été fondus pour permettre la fabrication de nouvelles pièces au goût du jour. Ainsi seuls de très rares objets sont parvenus jusqu’à nous.
À travers une scénographie qui révèle le luxe et la délicatesse de chacun des objets présentés, l’exposition invite le visiteur à admirer le faste des élites de l’époque Ming. Au-delà du simple plaisir de la contemplation esthétique, les riches contenus pédagogiques et supports multimédias permettent de découvrir le rôle de l’or sous les Ming et son importance capitale dans la parure des femmes de l’élite. Les principales techniques mises en œuvre dans la fabrication des objets en or (fonte, martelage, repoussé, ciselure, sertissage, filigrane et granulation) sont également explicitées grâce à des contenus multimédia inédits développés avec l’appui de L’École des Arts Joailliers. La question des usages est abordée à travers la reproduction de peintures célèbres qui permettent au visiteur d’observer la façon dont les bijoux étaient portés. La signification des motifs, porteurs d’une symbolique à la fois officielle et de bon augure est elle aussi expliquée dans le détail à travers des contenus qui font d’ailleurs l’objet d’un parcours destiné au jeune public (8-12 ans).
L’exposition permet ainsi au visiteur d’acquérir les codes de lecture et d’entrer dans l’intimité des palais, des jardins et des demeures privées de l’aristocratie chinoise, en ces temps de bouleversements économiques annonciateurs de l’émergence de la Chine moderne. CQFD !
- Paire de bracelets, Dynastie Ming, or serti de rubis,
Xi’an, musée des Beaux-Arts de Qujiang, XYB0077/1-2
© Peter Viem Kwok’s Dong Bo Zhai Collection -