Crise de l’apiculture. Des chiffres et des lettres...

Plusieurs élus de la République semblent avoir pris conscience ce la crise que traverse notre agriculture. Un peu moins celle qui concerne plus spécifiquement l’apiculture. La sénatrice niçoise, Dominique Estrosi Sassone a, elle, posé une question orale au gouvernement, et obtenue une réponse de la ministre concernée.


- Le Cannet, miel urbain...


Monsieur le Ministre,

Après l’expression de la colère de nos agriculteurs, voici celle de nos producteurs de miel. Partout, les mêmes maux provoquent des effets similaires au détriment de notre savoir-faire.  Hier, dans plusieurs départements, les apiculteurs se sont levés pour dénoncer la concurrence déloyale de produits importés qui déstabilisent le marché. 

La  production de miel est en effet soumise à des contraintes conjoncturelles et structurelles qui inquiètent d’autant plus la profession qu'elles affectent un secteur dynamique représentant plus de 70 000 apiculteurs. Au plan structurel, les organisations représentatives de la filière alertent sur l’importation de miels d'assemblage, parfois frelatés du fait de contrôles lacunaires et dont la provenance est difficilement traçable.

A cette méfiance qualitative s'ajoute un impact financier fruit de la conjoncture, le contexte inflationniste causant une baisse de la demande d'autant plus regrettable que la France est l’un des principaux pays consommateurs avec 45 000 tonnes par an. Le miel de nos terroirs, plus chers car de qualité, ne résiste pas à la pression à la baisse exercée par ses concurrents.  

Mais ces difficultés, Monsieur le Ministre, s'ajoutent aussi - et peut-être surtout - à une crise de la production latente. Divisée par trois en vingt ans, elle s’ajoute à l’aléa climatique. Je pense à la diminution de la pollinisation et à la multiplication des canicules. Face à cette crise, le trilogue européen du 30 janvier prévoit  bien l’instauration de nouvelles règles d’étiquetage et nous ne pouvons que nous en satisfaire. Mais cet accord, qui doit être adopté par les institutions européennes, ne sera effectif dans l’Union que dans 2 ans. 

Pouvez-vous nous dire ce que vous comptez mettre en œuvre à court et moyen terme pour soutenir l'apiculture française en proie à une crise multifactorielle et préoccupante pour tous les territoires où elle s'inscrit ?

Réponse du Ministre :

-  C’est un sujet important. Après la crise agricole, les mêmes enjeux reviennent : la question de notre capacité à produire en France du miel de qualité par rapport à nos exigences environnementales. Pour l’année 2022, la production s’établissait à 31 387 tonnes dans notre pays et 2023 suit dans la même lignée. Cela veut dire que nous sommes déficitaires puisque nous avons un taux d’auto approvisionnement de 54%, ce qui veut dire que nous faisons appel quand même à de l’importation. Le sujet des miels frelatés et de la tromperie qui peut exister concernant l’étiquetage, avec apposition d’un drapeau bleu blanc rouge trompeur, est important. C’est la raison pour laquelle la France a soutenu le renforcement des exigences européennes en matière de traçabilité pour améliorer l’information du consommateur. Il y a eu un accord en ce sens le 31 janvier dernier. Cela veut dire que nous devrions avoir une lutte plus exigence contre la fraude et un étiquetage renforcé de nos approvisionnements et garantir que le miel français ne soit pas mis sur le même plan que des miels d’importation qui ne répondent pas aux mêmes exigences sociales ou environnementales que les nôtres. 

Réplique de la sénatrice : 

- Deux remarques : il y a urgence pour sauver la filière de l’apiculture, d’abord parce qu’elle ne bénéficie d’aucune aide des pouvoirs publics - si ce n’est de quelques dizaines d’euros par ruche ce qui est largement insuffisant ; d’autre part parce qu’il en va de la survie des apiculteurs mais bien au-delà de la survie des abeilles. Il faut rappeler que l’apiculture joue un rôle essentiel dans sa contribution à la préservation écologique. Que les pouvoirs publics puissent soutenir cette filière, c’est indispensable pour continuer à promouvoir un miel de qualité et particulièrement le miel de Provence !


- Le Cannet, récolte d'un essaim -